4 juin 2020 - 14:45
Forum
J’ai mal à ma démocratie municipale
Par: Le Courrier
Àmes élus municipaux : écoles, garderies, salons de coiffure, parcs nationaux, golf, camping, centres d’achats, boutiques, rassemblements extérieurs; le Québec se déconfine. Même si je peux aller me faire couper les cheveux et remplir mon panier bleu dans les commerces locaux, il y a une chose qui demeure confinée plus que nécessaire : c’est ma démocratie municipale. Il est temps d’ouvrir portes et fenêtres de l’hôtel de ville pour y laisser entrer l’air citoyen, virtuellement ou en personne.

Àmes élus municipaux : écoles, garderies, salons de coiffure, parcs nationaux, golf, camping, centres d’achats, boutiques, rassemblements extérieurs; le Québec se déconfine. Même si je peux aller me faire couper les cheveux et remplir mon panier bleu dans les commerces locaux, il y a une chose qui demeure confinée plus que nécessaire : c’est ma démocratie municipale. Il est temps d’ouvrir portes et fenêtres de l’hôtel de ville pour y laisser entrer l’air citoyen, virtuellement ou en personne.

Que l’on évoque des questions plus locales selon les secteurs de la ville ou des dossiers de taille, les Maskoutains doivent pouvoir réellement participer à leur démocratie de proximité et non être encadrés par un processus qui musèle encore plus l’expression citoyenne et sert d’expédient commode pour limiter de facto la participation à la période de questions. À preuve, seulement cinq citoyens ont pris la peine de remplir le formulaire en ligne et soumettre leur question écrite en vue de la dernière séance de nos élus. C’est peu.

Pourtant, la reconstruction de la Place Frontenac, le développement domiciliaire du Quartier M, la piétonnisation de la rue Cascades au centre-ville cet été sont des dossiers importants, parfois polarisants. À voir les prises de position sur les réseaux sociaux et dans les pages du Courrier, je parie que le conseil municipal, s’il avait choisi un autre processus pour recueillir/écouter les voix citoyennes – au lieu de les cantonner en périphérie en temps de pandémie -, se serait retrouvé avec une vision enrichie. Rappelons aussi que le pli municipal maskoutain pré-pandémie restreignait et encadrait déjà passablement la période de questions…

Pour permettre cette ventilation politique d’idées citoyennes, j’ai quelques idées que je souhaite partager avec vous, élus municipaux. À défaut d’être idéales, elles m’apparaissent toutes plus démocratiques, dans la forme et dans l’esprit, que le format actuel et ne visent nullement à enfreindre les règles de la santé publique :

a) Via le site web de la Ville, permettre au citoyen de prendre rendez-vous selon une plage horaire assignée durant le temps de la période de questions. Cela lui permet d’entrer individuellement dans la salle du conseil, de poser sa question, puis d’entendre la réponse en direct. Il est raccompagné à l’extérieur, puis l’autre citoyen peut alors faire son entrée.

b) J’ai souvenir que, lorsque la salle du conseil déborde, une autre salle adjacente est alors ouverte; il serait aussi possible que vous continuiez à siéger à vos places respectives, tout en ouvrant une salle adjacente, configurée pour respecter le principe de distanciation sociale entre citoyens. Une fois admis selon la capacité de la salle et le respect des normes sanitaires actuelles, les citoyens pourraient voir et entendre la séance du conseil sur écran géant et poser leurs questions un à un de la salle adjacente ou encore en se déplaçant un à un au micro face au conseil.

c) Via le site web de la Ville, programmer une visioconférence pour la période de questions où les citoyens intéressés pourraient se joindre à l’heure dite. Via Zoom ou Teams, vous pouvez même gérer une salle d’attente virtuelle et n’admettre que les citoyens dûment identifiés. Chacun peut lever la main virtuellement et il est très facile de gérer les tours de parole. Pour les avoir abondamment utilisés en télé-enseignement, les plateformes de visioconférence Zoom ou Teams sont très utiles en ces temps pandémiques.

d) Ma solution la plus inventive et originale face à ce coronavirus, qui nous pousse, tout palier politique confondu, à réinventer les modes d’échanges et de débats, serait de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Nous n’aurons pas nos Beaux mardis de Casimir cette année, alors pourquoi pas « les Lundis de Télésphore » deux fois par mois, dehors, devant l’hôtel de ville, élus et citoyens réunis, en distanciation sociale?

Certes, le décorum en souffrirait un peu, mais entre deux maux, je choisis le moindre; participer à une démocratie déconfinée et vibrante sur une chaise pliante ou subir un ersatz d’agora publique où la parole et l’apport citoyens sont réduits à peau de chagrin? Poser la question, c’est y répondre!

En attendant que mes élus déverrouillent en ligne ou en personne la maison du peuple, j’ai pris la liberté dans ce texte de dépasser le nombre de frappes permises – soit 500 – sur le site web de la Ville de Saint-Hyacinthe lorsqu’on désire poser une question en vue d’une séance du conseil. Alors, voici une question concise à mes élus municipaux, que je reproduirai en ligne dans la boîte de texte prévue à cet effet : « À quand le retour, virtuellement ou en personne, d’une vraie période de questions de la part des citoyens? » Vu les dispositifs actuels mis en place, je me prépare à recevoir une réponse formatée d’avance, dépourvue de toute spontanéité et de prise de position sur-le-champ de la part de mes élus.

Marijo Demers, Saint-Hyacinthe

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