Un concert d’éloges, c’est ce à quoi il a eu droit depuis l’annonce de son décès au cours du récent week-end. Et ce ne sont pas des éloges forcés. Je vous mets au défi de trouver la trace de quelqu’un qui n’aimait pas Léandre Dion. Mission impossible.
Le Léandre Dion que j’ai connu et souvent interviewé au cours de ma carrière était un homme intéressé et toujours intéressant. Généreux de son temps, de ses mots et de ses réflexions sur la politique, sur Saint-Hyacinthe et sur la vie en général. En politique, il aura été un bon soldat, même s’il avait le bagage, l’étoffe et l’envergure des généraux. Par modestie et par fidélité au parti, il a toujours accepté sans sourciller les rôles politiques de moindre envergure que ses chefs lui ont confiés.
Et des chefs au PQ, ce n’est pas ça qui a manqué pendant les années Dion, une période effervescente sur la scène politique québécoise et au PQ. Entre 1994 et 2007, M. Dion a connu quatre chefs, soit Jacques Parizeau, Bernard Landry, Lucien Bouchard et André Boisclair. Le premier a été le plus grand, le second celui qu’il a le plus apprécié, le troisième le plus charismatique, mais pas le plus grand démocrate une fois le vote passé, et le dernier? « André Boisclair, que dire? », m’avait-il simplement répondu dans une grande entrevue bilan de carrière en novembre 2007. Pince-sans-rire en plus!
Il me disait d’ailleurs avoir toujours eu de la difficulté « à bien passer » dans les médias. « Ça n’a jamais été facile pour moi, car je n’ai jamais été bon dans les clips, les formules-chocs. Je suis bon pour expliquer, mais c’est moins accrocheur. » Oui, Léandre Dion était avant tout un pédagogue qui aimait prendre le temps de réfléchir et prendre le temps de bien dire les choses. Il était articulé, posé et pertinent. Quand on regarde de près son parcours personnel en dehors de la politique, on ne peut faire autrement que de se trouver un brin paresseux en regard de ce que Léandre Dion a pu accomplir dans sa vie, lui qui a entre autres été prêtre missionnaire, enseignant, apiculteur, conseiller municipal, commissaire au MAPAQ, auteur et surtout père de famille et grand-père aimant. Voilà une récolte on ne peut plus fructueuse.
Parlant de ça, certains, dont son ami Émilien Pelletier, croient qu’il n’a pas été reconnu à sa juste valeur pour sa contribution à l’essor de Saint-Hyacinthe.
À cet effet, on aurait tort de résumer le legs du politicien à l’émergence de la Cité de la biotechnologie agroalimentaire et vétérinaire de Saint-Hyacinthe, une idée phare et lumineuse de son programme électoral de 1998. Il faut aussi lui reconnaître des batailles politiques en coulisses pour faire progresser des dossiers porteurs comme ceux du Centre des arts Juliette-Lassonde, de la Faculté de médecine vétérinaire, de l’échangeur Pinard et de la réhabilitation, voire la décontamination, de l’Hôpital Honoré-Mercier.
Et parmi ses réalisations plus modestes, j’aime à rappeler qu’il a aussi contribué au lancement d’une belle carrière journalistique. C’est Léandre Dion qui m’avait en effet remis en mains propres les données gouvernementales sur les retombées du Plan Paillé à Saint-Hyacinthe. Ce geste a été le point de départ d’un dossier qui m’a valu mon premier Prix Judith-Jasmin en 1997, récompensant le meilleur reportage long de l’année au Québec, tous médias et médiums confondus. Parlant de récompense, il faudra maintenant songer à honorer la mémoire de Léandre Dion. À cet effet, je crois utile de reproduire un extrait de l’entrevue bilan publiée il y a de ça 15 ans déjà.
« Concernant la Cité de la biotechnologie, j’ai fait ma part et, pour cela, on peut dire que j’ai fait quelque chose de bien. Elle se bâtit peu à peu, mais il est maintenant temps que la Ville de Saint- Hyacinthe investisse dans son image et en fasse un parc de prestige. Il faut la rendre invitante et attrayante avec un grand parc, un jardin ou une fontaine. »
Et pourquoi pas un buste de bronze au milieu du futur parc Léandre-Dion?