28 août 2014 - 00:00
« Je n’ai jamais lâché l’école, mais c’est plutôt l’école qui m’a lâchée! »
Par: Le Courrier


Je suis une ex-enseignante du Collège Antoine-Girouard. J’ai perdu mon emploi au printemps 2013, tout comme mes trente collègues. J’enseignais les arts dans cette école depuis près de dix-neuf ans. Quand je suis sortie de l’université, en 1994, j’avais envoyé mon c.v. partout : au public comme au privé. Je n’ai pas nécessairement choisi d’enseigner dans un collège privé, c’est le premier employeur qui a répondu à mon offre de service. J’étais heureuse de travailler pour une « grande institution » de Saint-Hyacinthe, un collège qui a formé des générations de jeunes pendant près de 200 ans.

Depuis la fermeture du Collège Antoine-Girouard, il y a quinze mois, je n’ai pas trouvé d’emploi stable malgré toute l’expérience que j’avais accumulée. L’année dernière, je me suis promenée entre le public et le privé (trois collèges privés et deux commissions scolaire, total neuf écoles) pour faire des suppléances sur appel. J’ai l’impression parfois de vivre dans un film d’horreur. Il y a le stress des entrevues, l’attente interminable à côté du téléphone, le temps perdu sur la route, les soucis financiers… Tout contribue à me donner un sentiment d’inutilité et d’incompétence. Je recommence ma carrière comme une finissante d’université avec cinq enfants, des responsabilités et un bagage de 20 ans de stabilité.

Mon cas n’est pas unique. Mes anciens collègues n’ont pas trouvé, eux non plus, d’emploi permanent. Ils occupent, en grande majorité, des postes temporaires ou font des remplacements. Malgré le fait que nous ayons tous posé notre candidature à la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH), une seule personne y a été embauchée. Une seule. Par contre, plusieurs jeunes finissants ont été appelés et passent devant nous.

Alors, lorsque le ministre de l’Éducation, monsieur Bolduc, est venu le 12 août annoncer l’acquisition par la CSSH des locaux d’Antoine-Girouard, j’ai repris espoir. Si, en 2015, il est vrai que les murs de « mon » collège accueilleront de nouveau des élèves du secondaire, permettez-moi de croire qu’il y aura de la place pour moi. Il me semble qu’il est logique et juste que je puisse retrouver mon local de classe et qu’on ne me ferme pas les portes de mon école. Je n’ai jamais lâché l’école, mais c’est plutôt l’école qui m’a lâchée! J’ai encore la passion de faire ce que je fais le mieux : enseigner les arts aux jeunes!

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