Ses premières notions musicales lui furent inculquées dès 1955 lors de ses études au juvénat des Frères du Sacré-Cœur à Granby, puis à Saint-Anicet. Jean nous raconte : « Roland Germain (qui portait alors le nom de Frère Néri) fut mon professeur de piano de 1956 à 1957. J’avais alors treize ans. Frère Néri était organiste et maître de chapelle au Mont du Sacré-Cœur à Granby. C’est lui qui, dans mon adolescence, m’a procuré mes plus grandes émotions musicales. Lors des grandes fêtes, nous interprétions, une centaine de voix d’enfants s’ajoutant à une quarantaine de voix d’hommes, des œuvres vocales telles l’Alléluia de Händel et le Psaume CL de César Franck. »
En 1961, Jean Morissette accède au poste d’organiste à la paroisse Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe. L’église est pourvue d’un Casavant 1951 de dix-huit jeux répartis sur deux claviers et pédalier. C’est ici qu’il bénéficie des cours privés de l’organiste maskoutain Gaston Arel (frère de la pédagogue Madeleine Arel et du photographe Marcel Arel). Cependant, ce n’est qu’en 1966 que Jean s’inscrit au Conservatoire de musique de Montréal. Gaston Arel lui enseigne non seulement l’orgue, mais aussi l’harmonie. Isabelle Delorme l’initie à l’art du contrepoint et Françoise Aubut à la fugue. Jean remportera plusieurs prix tant pour l’instrument que pour l’écriture. Il est important de mentionner qu’à cette époque, cet enseignement est gratuit. Déjà féru d’orgue, Jean a eu la bonne idée en 1968 de commander au facteur d’orgues Guy Thérien un instrument de travail à traction mécanique de trois jeux répartis sur deux claviers et pédalier.
Le 22 décembre 1973, Jean Morissette épouse Micheline Gauthier de Trois-Rivières. Micheline s’étant inscrite au Conservatoire de Trois-Rivières depuis 1964 a pu bénéficier, elle aussi gratuitement, des cours de piano de Czeslaw Kacynski de 1964 à 1966 et des cours d’orgue de Bernard Piché de 1966 à 1972. Cette musicienne a eu la bonne idée de se procurer un orgue chez Karl Wilhelm.
Laissons Jean Morissette nous raconter les débuts de Pro Organo Saint- Hyacinthe : « Un soir de mai 1970, après une réunion tenue aux locaux du Conservatoire de Montréal, j’invite les organistes Paul Vigeant de Saint-Hyacinthe, Réjean Poirier résidant alors à Saint-Jean-sur-Richelieu et Jacques Desroches de Joliette à venir prendre un café… j’avais à leur parler d’un projet. »
Il poursuit : « Ayant tous en commun le fait d’être alors finissants des classes d’orgue du Conservatoire de Montréal, une discussion concernant l’avenir des jeunes organistes concertistes s’est vite amorcée : quand donc auront-ils l’occasion de se produire? Je fais remarquer à mes confrères qu’il n’existe des sociétés d’orgue qu’à Montréal et à Québec. Il serait donc opportun de créer une nouvelle société qui ait comme vocation d’organiser des récitals d’orgue en province, d’autant plus que ces réalisations auraient comme effet d’enrichir la vie culturelle des régions où elles auraient lieu. Comme point de départ, chacun des membres du groupe alors réunis pourrait sans doute implanter un centre régional dans la ville où il habite. Il est donc convenu qu’après une période de réflexion, une nouvelle réunion soit tenue. Dès la réunion suivante, c’est avec enthousiasme qu’il est décidé de fonder un mouvement culturel sans but lucratif qui ait la vocation de promouvoir l’orgue à tuyaux en province. Il portera le nom de Pro Organo et ne favorisera aucune école d’orgue en particulier. »
À suivre…
Par Michelle Quintal, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe