11 février 2016 - 00:00
Première famille syrienne à Saint-Hyacinthe
« J’étais dans l’ombre et je suis entré dans la lumière »
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
« J’étais dans l’ombre et je suis entré dans la lumière »

« J’étais dans l’ombre et je suis entré dans la lumière »

« J’étais dans l’ombre et je suis entré dans la lumière »

« J’étais dans l’ombre et je suis entré dans la lumière »

C’est avec confiance et bonheur que la famille du Syrien Raed Ahamd Al Shebli entreprend un nouveau départ à Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

C’est avec confiance et bonheur que la famille du Syrien Raed Ahamd Al Shebli entreprend un nouveau départ à Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

À son arrivée au Canada, la famille du Syrien Raed Ahamd Al Shebli,

Raed Ahamd Al Shebli, sa femme Maysaa Nayef Alnayef et leurs six enfants ont posé le pied pour la première fois à Saint-Hyacinthe le 23 janvier, où les attendaient les responsables de la ­Maison de la Famille des Maskoutains (MFM). Six jours plus tard, ils ont ­emménagé dans un grand appartement de la rue Martel.

Le tourbillon du déménagement les a vite happés, souligne Jubilee ­Larraguibel, coordonnatrice des services aux immigrants de la MFM. « Ils ont goûté au froid et à la neige! ­Heureusement, il n’y a pas eu de ­maladies. Les premiers bilans de santé ont été passés. »

S’en sont suivies les démarches auprès d’Emploi-Québec pour l’aide de dernier recours, l’ouverture d’un compte dans une institution ­bancaire, l’inscription à l’école pour les enfants et les rencontres pour informer la famille de ses droits et responsabilités à titre de résidente ­permanente.

Dans l’immédiat, les nouveaux ­arrivants pourront compter sur l’aide ­sociale ainsi que sur les allocations ­familiales du gouvernement pour subvenir à leurs besoins.

Bouée de sauvetage

Après avoir passé deux ans et demi dans un camp de réfugiés au Liban avec ses proches, M. Ahamd Al Shebli, qui ­pratique la religion musulmane, peine à croire qu’il est désormais en sécurité à Saint-Hyacinthe.

« C’était désastreux là-bas. Nous vivions sous les tentes avec la pluie et l’humidité. Le reste, ça ne se raconte pas. J’étais dans l’ombre et maintenant, je suis entré dans la lumière », ­témoigne-t-il en arabe. Une interprète maskoutaine, Samira Oubid, accompagnait la représentante du COURRIER pour cet entretien.

M. Ahamd Al Shabli pensait d’ailleurs qu’à son arrivée au Canada, sa famille et lui seraient regroupés dans un centre avec d’autres réfugiés et qu’avec un peu de chance seulement, il finirait par ­obtenir un logement. La situation a été toute autre.

« J’aimerais remercier le Canada de nous accueillir, mais surtout le premier ministre, car pour nous, c’est une bouée de sauvetage d’être ici. Les réfugiés rêvent de venir au Canada parce qu’on sait que nous pourrons enfin retrouver les droits de l’homme », affirme l’homme de 39 ans.

À savoir si la rigueur du climat ­québécois l’indisposait jusqu’à maintenant, celui qui espère travailler à nouveau dans le domaine de la construction ­assure que non. « Vivre sous une tente, c’est comme vivre dans la rue. Alors le froid et la neige sont loin d’être des ­obstacles. »

Il souligne avoir hâte de décrocher un bon emploi et que toute la famille ­parvienne à intégrer la culture ­québécoise. « Les enfants sont très heureux. Ils ont hâte d’aller à l’école », assure M. Ahamd Al Shebli.

Le Syrien reconnait toutefois qu’il ­faudra d’abord franchir la barrière de la langue. Sa conjointe et lui sont d’ailleurs inscrits à un cours à temps plein de ­francisation de 33 semaines au Cégep de Saint-Hyacinthe. « Je connais l’écriture française depuis que je suis petit donc ce ne sera pas trop difficile. Mais, ma femme n’a jamais entendu parler du français et je compte bien l’aider avec cela », indique le père de famille.

Le défi risque d’être moins ardu pour les six enfants du couple, âgés de 2 à 13 ans, note Jubilee Larraguibel. « En ­l’espace de trois mois, les enfants ­parleront français. »

Cinq familles

Cinq familles syriennes sont déjà ­installées à Saint-Hyacinthe depuis janvier, ce qui a fait grimper la population maskoutaine de près de 40 personnes.

Ces nouveaux arrivants n’ont toutefois pas encore eu la chance de serrer la pince du premier magistrat, ce qui aura lieu lors de la journée d’accueil des immigrants.

« La Ville ne les rencontre pas directement. Nous sommes en service de ­soutien de coordination, mais pas en ­soutien de première ligne. Quand les gens arrivent ici, ce sont des services de ­première ligne dont ils ont besoin », explique la directrice des communications de la Ville de Saint-Hyacinthe, ­Brigitte Massé.

Si les autorités municipales ont su à peine 24 heures à l’avance que les trois premières familles syriennes ­rejoindraient les rangs maskoutains, Mme Massé soutient que l’accueil et ­l’intégration se déroulent « très bien ».

« La provenance des immigrants, bien que ce que les Syriens ont vécu soit ­dramatique, ne bouleverse pas notre ­système d’accueil. Saint-Hyacinthe est habituée de recevoir des immigrants. La première famille est déjà installée. Les propriétaires de logements sont très accueillants », fait-elle valoir.

La députée fédérale de Saint-Hyacinthe-Bagot, Brigitte Sansoucy, a accueilli les nouveaux citoyens canadiens dans son bureau de comté la semaine dernière.

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