12 septembre 2019 - 14:27
Première exposition de la saison à Expression
Jocelyn Robert explore les conjonctures
Par: Maxime Prévost Durand
L’artiste Jocelyn Robert devant un portrait dit « composite » réalisé à partir d’une image de lui-même. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’artiste Jocelyn Robert devant un portrait dit « composite » réalisé à partir d’une image de lui-même. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Un vieux piano datant de 1897 est couché au sol et tente, par moyen électronique, de jouer quelques notes, une analogie avec la vieillesse. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Un vieux piano datant de 1897 est couché au sol et tente, par moyen électronique, de jouer quelques notes, une analogie avec la vieillesse. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Depuis la fin août, un vieux piano jonche le sol d’Expression. Dépourvu de son panneau et de ses marteaux, il tente tant bien que mal de pousser des sons grâce à l’aide d’éléments électroniques. Cette installation sonore inédite est le cœur de l’exposition Conjonctures, présentée par l’artiste multidisciplinaire Jocelyn Robert pour lancer la saison 2019-20 du centre d’exposition.

« C’était le piano de mon père, souligne Jocelyn Robert, en parlant de l’œuvre intitulée “Mon père et moi”. C’est sur ce piano que j’ai appris à jouer. »

Ce vieux piano, il date de 1897. Couché plutôt que de se tenir debout, il est branché de toute part par des fils reliés à des moteurs électriques. Ceux-ci sont contrôlés par un ordinateur pour que quelques notes en ressortent et résonnent à travers les haut-parleurs placés à l’intérieur du centre d’exposition. Rapidement, on en comprend la fragilité et une métaphore en lien avec la vieillesse en émane.

Jocelyn Robert fait d’ailleurs le parallèle avec son père, âgé de 96 ans. Un peu comme le piano le fait dans ce cas-ci, c’est par fragment qu’il peut s’exprimer. « J’ai voulu faire une pièce qui témoigne de ça », soutient celui qui est professeur titulaire au département d’arts visuels de l’Université Laval.

En plus de cette installation sonore inédite, des séries de portraits multicouches, des photographies de lieux et une œuvre audiovisuelle sont regroupées à l’intérieur de la salle d’Expression. D’une œuvre à l’autre, l’artiste s’intéresse aux rencontres de circonstances, à notre compréhension du monde et à la manière dont on en construit le sens. D’où le nom de l’exposition, Conjonctures.

Dès l’entrée en salle, une série de trois portraits accueille le visiteur. Ceux-ci ont tous été conçus à partir d’une seule et même photo de l’artiste lui-même, sauf que pour chacun d’eux, d’autres images trouvées sur le web ont été superposées afin de créer des portraits uniques.

Après s’être fait photographier, Jocelyn Robert avait demandé à son entourage laquelle parmi toute une série de photos il préférait. Étrangement, tous s’entendaient pour dire qu’une en particulier était la meilleure. Intrigué, il s’est questionné sur les raisons qui ont mené à cette unanimité. Au fil de ses interrogations, il a importé ladite photo sur Google et a lancé le moteur de recherche. Les résultats qui en sont ressortis lui ont permis de comprendre que le positionnement corporel, les couleurs et le contraste de cette photo correspondaient aux mêmes critères que plusieurs portraits issus de l’histoire de l’art, explique-t-il. Il a ainsi utilisé certaines de ces images proposées par Google pour les superposer à sa photo, une technique qu’il a développée et reproduite à d’autres occasions pour pousser sa compréhension des algorithmes du moteur de recherche encore plus loin.

On retrouve donc d’autres portraits du même genre au sein de l’exposition, que ce soit le résultat d’images trouvées à partir du mot-clé « César », qui ont mené au fil des recherches à des représentations de Vladimir Poutine et de Donald Trump, ou encore celles réalisées à partir d’une photo de passeport de l’artiste qui, une fois intégrée au moteur de recherche, a donné comme résultat une panoplie de photos de criminels. Jocelyn Robert a même abordé l’idée sous la forme d’une œuvre vidéographique intitulée « Bélugas », laquelle est accompagnée d’une composition au piano qu’il interprète.

Déjà installée à Expression depuis la fin août, l’exposition aura droit à son vernissage le samedi 14 septembre à 15 h. Une visite commentée en compagnie de l’artiste le précédera à 14 h afin de mieux comprendre la démarche derrière ses œuvres.


Autres expositions à Expression cette saison

– Du 9 novembre au 26 janvier, Dimension lumière de Jocelyn Philibert
– Du 9 février au 26 avril, Étrange familiarité de Cynthia Dinan-Mitchell
– Du 30 mai au 6 septembre, Ni de l’est ni de l’ouest de Jamelie Hassan

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