16 janvier 2014 - 00:00
Départ de l'ex-PDG de Cintech
Johanne Tanguay réclame 358 000 $
Par: Jean-Luc Lorry
L'ancienne présidente-directrice générale de Cintech, Johanne Tanguay.

L'ancienne présidente-directrice générale de Cintech, Johanne Tanguay.

L'ancienne présidente-directrice générale de Cintech, Johanne Tanguay.

L'ancienne présidente-directrice générale de Cintech, Johanne Tanguay.

Presque trois ans après avoir démissionné de ses fonctions de présidente-directrice générale de Cintech agroalimentaire, un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au Cégep de Saint-Hyacinthe, Johanne Tanguay conteste son départ en saisissant les tribunaux. L'ex-dirigeante réclame aujourd'hui la bagatelle de 358 000 $ à son ancien employeur.

Celle qui fut à la tête de Cintech pendant 12 ans occupe depuis juillet 2011 le poste de directrice chez TransformAction, une structure administrative soutenue par ACCORD Montérégie, qui se définit comme une courroie de transmission entre les transformateurs alimentaires.

La poursuite d’une vingtaine de pages dont LE COURRIER a obtenu copie, décrit le parcours professionnel de Johanne Tanguay chez Cintech, de son embauche en septembre 1998 à son départ en mars 2011.Selon le document de cour rédigé par la firme d’avocats Cayer Ouellette & associés de Chambly, Mme Tanguay apparente sa démission à un « congédiement déguisé » qui selon ses conseillers juridiques lui donne droit à des compensations financières. À son embauche, Johanne Tanguay s’était fait offrir un salaire de 70 000 $. « En 2002, le conseil d’administration met en place un système de rémunération basé sur le principe de la prime au rendement selon les bénéfices nets de la défenderesse (Cintech) », écrivent ses procureurs.Dès que cette mesure fut adoptée par le conseil, Johanne Tanguay a vu sa rémunération globale grimper de 92 884 $ en 2002 à 134 465 $ en 2006. De 2006 à 2009, la rémunération de Mme Tanguay est revue une nouvelle fois à la hausse en atteignant 149 161 $. La principale intéressée explique cette augmentation de salaire par son « excellent travail et les affaires de Cintech qui ne cessent de croître ».

Opposition de Roger Sylvestre

En 2009, des représentants des institutions d’enseignement exercent des pressions « concernant les primes au rendement supérieur à celle de la fonction publique ».

En juillet de cette même année, Roger Sylvestre, directeur général du Cégep de Saint-Hyacinthe et trésorier de Cintech s’oppose à l’augmentation salariale de Mme Tanguay. Cette dernière l’obtiendra malgré tout par le président du conseil d’administration d’alors, Marcel Ostiguy.Souhaitant probablement s’assurer que le niveau de rémunération correspond à ses fonctions, M. Sylvestre demande à Johanne Tanguay le dossier relatif aux primes aux rendements versées depuis 2002.Sur le sujet, LE COURRIER révélait d’ailleurs en juin 2011 que Cintech aurait versé de 2003 à 2009, un montant de 1,3 million de dollars en bonis à la performance à pratiquement tout son personnel qui regroupait une vingtaine d’employés. Selon nos informations, des primes totalisant 255 000 $ auraient été versées en 2006. « Il y a eu des bonis quand les années le permettaient. C’était une politique salariale adoptée par le conseil d’administration qui a pris fin en 2008. Personnellement, je n’ai jamais été mal à l’aise avec les montants octroyés », avait indiqué en entrevue au COURRIER, Gilles Cardinal, vice-président du conseil d’administration.En mai 2010, les ambitions salariales de Mme Tanguay furent freinées lorsqu’elle a reçu des administrateurs un avis juridique qui expose « les raisons pour l’assujettissement des conditions de rémunération de la demanderesse (Johanne Tanguay) à la loi 100 ».La dirigeante ne se considère pas comme une employée-cadre de la fonction publique et estime que cette initiative est une tromperie. Ses procureurs rappellent que Cintech « n’est pas une entreprise publique ni parapublique, mais privée dont seulement 15% de ses sources de financement proviennent d’ententes de fonctionnement avec trois ministères du gouvernement ».Au début du mois de décembre 2010, le président du conseil d’administration Steve Morin, qui est toujours en poste, demande à Mme Tanguay de lui remettre une copie de son contrat de travail, sa rémunération globale de 2008 à 2010 ainsi qu’une description de ses tâches.

Mésentente à l’horizon

Voyant qu’une mésentente entre elle et les administrateurs de Cintech se profile à l’horizon, Johanne Tanguay propose trois options comme porte de sortie, dont celle de devenir consultante et de réaliser des mandats externes pour le compte de Cintech.

Cette dernière est retenue par le conseil d’administration qui demande à Mme Tanguay de préparer sa lettre de démission avec effet immédiat. En juin 2011, LE COURRIER avait eu vent de cette démission surprise acceptée par le conseil d’administration de Cintech qui n’avait pas souhaité préciser la raison de ce départ. « Elle (Johanne Tanguay) a reçu une offre d’emploi d’une autre entreprise. On l’a sollicitée pour un nouveau travail et Mme Tanguay a accepté cette proposition. Lors de son départ, elle ne nous a pas indiqué où elle irait travailler », avait indiqué Gilles Cardinal qui est toujours vice-président du conseil d’administration de Cintech et qui avait recruté Mme Tanguay.Aujourd’hui celle-ci estime avoir été piégée par son ancien employeur puisque cette démission se serait faite sans aucune contrepartie financière et sans que Cintech fasse de nouveau appel à ses services. Johanne Tanguay réclame une prime de séparation fixée à 138 000 $, des dommages-intérêts et dommages moraux totalisant 70 000 $ et une perte de revenu évaluée à 150 000 $.« Nous avons reçu un document juridique de Mme Tanguay que nous analysons présentement. Nous n’avons pas de commentaires à faire pour l’instant. Nos avocats examinent le dossier », a indiqué Steve Morin, président du conseil d’administration de Cintech depuis novembre 2009.

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