C’est aujourd’hui que nous pourrons mesurer les effets de l’austérité libérale à Québec avec la présentation d’un budget 2016-17 que l’on nous promet équilibré. C’est le bonheur que nous nous souhaitons d’ailleurs, après deux années marquées par toutes sortes de compressions. Point de surplus à l’horizon.
Malgré la précarité des finances publiques, il serait tout de même souhaitable que le gouvernement Couillard, par la bouche de son ministre des Finances, trouve le moyen de remettre un peu d’élan et d’optimisme dans la machine, question de chasser la morosité et la déprime ambiantes et grandissantes. Peu d’éléments concrets avaient été ébruités jusqu’ici, outre une réduction progressive de la taxe santé qui commencerait à diminuer dès 2016, soit un an plus rapidement que prévu.
Ce n’est rien de très spectaculaire, mais cela a le mérite d’être une nouvelle positive dans la mesure où les hausses de salaire consenties aux employés de l’État au terme de négociations périlleuses devraient limiter la distribution de bonbons à grande échelle pour tous les groupes qui ont les yeux tournés vers Québec et qui espèrent un coup de pouce ou de l’argent frais. Dans le lot, on retrouve les CPE, les organismes communautaires et les PME qui souhaitent une baisse marquée de leur taux d’imposition. Parmi les autres fuites dites positives autour du budget provincial, il était question d’un réinvestissement de 3 %, soit environ 500 M$ en éducation.
Selon La Presse, une somme de 300 M$ supplémentaires pourrait être allouée à l’entretien des écoles, pour le contenant. Si ces 300 M$ sont inclus dans le 500 M$, cela n’en laissera pas beaucoup pour le contenu, soit les services directs aux élèves. Espérons tout de même que les besoins des écoles primaires et secondaires auront une attention particulière, dans la mesure où les premières années d’apprentissage sont certes les plus importantes pour accrocher les élèves et assurer leur réussite.
Et pour assurer notre réussite générale en tant que société instruite par ricochet.
Nous serons donc à même de juger de l’État des finances publiques dans quelques heures et de voir dans quelle mesure nous sommes collectivement condamnés à nous serrer la ceinture encore davantage, dans la mesure où cela est possible.
Ceux qui s’affairent ces temps-ci à rédiger leurs rapports d’impôts pour l’année 2015 aimeraient avoir l’assurance que leurs efforts fiscaux servent à quelque chose et que chaque dollar qu’ils redonnent aux gouvernements va à la bonne place. Nous pensons surtout aux familles qui seront frappées, et le mot est faible, par la réforme des frais de garderie, dorénavant modulés en fonction du revenu familial. Pour les familles les plus touchées, il est question d’une facture pouvant atteindre 2260 $ par enfant.
Plusieurs familles qui n’ont pas encore mesuré l’impact de cette réforme aussi brutale qu’insensée vont binetôt se réveiller en plein cauchemar, en regrettant qu’une indexation progressive n’ait pas été la solution retenue par notre bon gouvernement.
Elles auront encore plus de mal que Carlos Leitao à présenter un budget équilibré.