Au lendemain de la parution du COURRIER, le service des communications de la Ville de Saint-Hyacinthe nous a fait parvenir un communiqué annonçant sa décision de cesser ses achats sur Amazon. On nous précise que cette décision a été prise par les élus à la séance plénière du lundi 27 janvier, question d’éviter sans doute que nous nous accordions trop de mérite.
« À l’exception des commandes déjà en cours, aucun nouvel achat ne sera effectué, et ce, jusqu’à nouvel ordre », dit-on.
Boycotter Amazon est dans l’air du temps. La multinationale antisyndicale a annoncé récemment la fermeture de toutes ses installations dans la province, ce qui entraînera à court terme la perte de quelque 3700 emplois directs et indirects. C’est davantage que toute la population de Saint-Liboire. Le maire André Beauregard a d’ailleurs tenu à exprimer toute sa solidarité envers les milliers de Québécoises et de Québécois qui perdront leur emploi dans les prochaines semaines en lien avec « cette situation profondément regrettable ».
« Ce n’est un secret pour personne : nos listes d’achats sont publiques, et certaines équipes municipales effectuaient des achats sur Amazon, principalement pour des pièces et accessoires informatiques, souvent à des prix compétitifs. Toutefois, cette pratique prend fin dès aujourd’hui. Pour le conseil municipal et moi-même, l’achat local doit rester une priorité », affirme haut et fort le maire dans ce court communiqué de deux paragraphes. Ce qui est regrettable dans cette décision de la Ville de Saint-Hyacinthe, c’est qu’elle ait senti le besoin d’en faire quelque chose de temporaire. « Aucun nouvel achat ne sera effectué (sur Amazon), et ce, jusqu’à nouvel ordre. »
Nouvel ordre de qui ou de quoi, j’ose poser la question puisque la Ville de Saint-Hyacinthe, dans ce même communiqué, affirme que « cette mesure vise avant tout à encourager l’achat local et à soutenir les commerçants de la région ». Si tel est le cas, j’aimerais bien que l’on m’explique ce qui pourrait bien inciter la Ville de Saint-Hyacinthe à mettre un terme à ce boycottage. À quel moment et pour quelles raisons encourager l’achat local et soutenir les commerçants de la région ne seront plus nécessaires, voire de sa responsabilité première?
D’autant plus que ce n’est pas d’hier que la Ville dépense votre argent sur Amazon. Déjà, à quelques reprises dans notre rubrique rumeurs et indiscrétions en 2018, nous remettions en doute le bien-fondé de quelques achats municipaux faits par l’intermédiaire des sites Internet d’Amazon, Newegg, Wayfair et Facebook.
Il aura fallu cinq ans et 3700 pertes d’emplois potentielles pour que ce questionnement trouve écho à l’hôtel de ville, jusqu’à nouvel ordre. Pour une période indéterminée, les employés de la Ville devront donc se casser la tête un peu plus et magasiner davantage avant de sortir la carte de crédit de la Ville pour acheter de la marchandise. Peut-être même qu’un employé devra à l’occasion prendre un véhicule de fonction pour se déplacer chez Buropro Citation.
C’est plus de trouble, c’est bien évident, mais prendre un peu de temps quitte à payer un peu plus cher s’il le faut, voilà le prix à payer pour avoir des convictions, des valeurs et penser localement, au lieu d’engraisser des milliardaires tout-puissants qui se moquent de nous et nous font la guerre. Il me tarde maintenant de prendre connaissance d’un communiqué de presse de la Ville de Saint-Hyacinthe dans lequel elle fera état de son plan d’action pour réagir aux sanctions imposées au Canada par Donald Trump.
M. Beauregard nous annoncera peut-être qu’il compte donner l’exemple à ses concitoyens en faisant l’impasse sur sa visite annuelle au Fenway Park de Boston.
Du moins, jusqu’à nouvel ordre.