C’est confirmé, il y a bel et bien une course à la mairie à Saint-Hyacinthe. Elle n’est pas tout à fait amorcée, mais elle est annoncée. Et elle sera intéressante. Elle sera surtout l’occasion de confronter deux visions et de récompenser ou de sanctionner le travail du conseil municipal actuel.
En décidant de délaisser son siège de conseiller du district Douville pour tenter de ravir celui qui sera vacant à la mairie, André Beauregard, quoi qu’il dise ou fasse, se veut le candidat de la continuité. Il semble d’ailleurs très bien vivre avec ce qualificatif et l’héritage du conseil auquel il contribue depuis 12 ans. Au fil des années, il n’a jamais fait trop de vagues, étant plutôt du genre à suivre le courant de la majorité.
Tant et si bien que sa candidature a de quoi surprendre un peu, dans la mesure où son nom ne ressortait pas trop du lot quand nous soupesions les pour et les contre des candidats au trône du maire Claude Corbeil parmi les élus en place. Les noms de David Bousquet ou de Bernard Barré s’imposaient, mais pas tellement celui de M. Beauregard dont nous ne soupçonnions pas l’intérêt. Est-ce que sa candidature détonne pour autant?
Absolument pas, bien au contraire. Ceux qui le connaissent, et ils sont nombreux, sont unanimes à vanter ses qualités humaines, son dévouement ainsi que son attachement à son quartier et à sa ville. Comme conseiller, il a de l’expérience et il maîtrise bien ses dossiers. Surtout, et c’est une de ses grandes qualités, il ne semble pas très doué pour le mensonge et les cachettes. Ça lui paraît dans le visage et dans la voix quand il est mal à l’aise avec quelque chose.
Dans son cas, son véritable défi sera de démontrer qu’il a assez d’étoffe et de poigne pour tenir tête à ceux qui seront élus ou réélus et pour imposer ses vues à la direction générale par exemple. Cela dit, il est plutôt rassurant de voir un élu du conseil actuel décider de défendre haut et fort le bilan du conseil et être prêt à répondre coup pour coup, en campagne, aux attaques éventuelles de sa rivale, la cheffe du parti Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers. Ses collègues à la table du conseil devraient d’ailleurs le remercier et le soutenir dans sa quête.
D’autant plus que le bilan des années Corbeil est somme toute positif, voire enviable à bien des égards. La simple recension de tous les chantiers et dossiers en cours ou annoncés suffit à s’en convaincre. La Ville de Saint-Hyacinthe est tout sauf moribonde, même si on peut se questionner sur certaines décisions et dénoncer un obscurantisme certain.
Pour Mme Demers, la candidature d’André Beauregard est une véritable bénédiction. L’ex-candidate de Québec Solidaire aux élections provinciales dans le comté de Saint-Hyacinthe pourra reprendre le même plan de campagne et d’attaque qu’elle avait préparé dans l’éventualité de devoir se frotter au maire sortant. Cela n’aurait pas été possible et encore moins pertinent si elle avait dû affronter un candidat externe au conseil.
Ainsi, tout ce qu’elle aurait pu reprocher à Claude Corbeil pourra servir à embêter son adversaire, ce qui promet quelques étincelles. Mais au final, il est quand même à espérer que nos deux candidats passent plus de temps à parler de l’avenir que du passé.
La course à deux qui se dessine pourrait-elle accueillir un troisième coureur. C’est peu probable à ce stade-ci. D’autant plus que la candidature de M. Beauregard a de quoi rassurer les gens d’affaires qui craignent une révolution dans la gestion des affaires municipales avec une candidate issue de la gauche comme Marijo Demers. Gageons qu’ils seront plusieurs à opposer l’incertitude à la continuité cet automne. Préparez-vous.
Mais peu importe qui de Mme Demers ou de M. Beauregard gagnera cette bataille à la mairie et de Douville – puisque les deux candidats y résident –, il est acquis qu’un maire dédié à sa tâche prendra les commandes de la Ville. Oui, nous aurons un maire à temps plein.
Mme Demers profitera d’un congé sans solde de son poste d’enseignante au cégep de Saint-Hyacinthe et M. Beauregard prévoit démissionner du sien aux Loisirs Douville.
Bonne nouvelle, ce n’est pas l’ouvrage qui manque à l’hôtel de ville de toute façon, surtout s’ils souhaitent avoir quelques cadres à l’œil et les recadrer.