21 mai 2020 - 14:17
La Cascades deviendra piétonnière jusqu’au 31 août
Par: Jean-Luc Lorry

Dès lundi, la rue des Cascades sera fermée à la circulation automobile pour devenir piétonnière jusqu’au 31 août. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Dès lundi, la rue des Cascades sera fermée à la circulation automobile pour devenir piétonnière jusqu’au 31 août. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Stephan Rhéaume, de la boutique de vêtements Strauss, est l’un des commerçants du centre-ville qui déplorent fortement la décision de transformer la rue des Cascades en rue piétonne en pleine crise économique. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Stephan Rhéaume, de la boutique de vêtements Strauss, est l’un des commerçants du centre-ville qui déplorent fortement la décision de transformer la rue des Cascades en rue piétonne en pleine crise économique. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Dès le lundi 25 mai et jusqu’au 31 août, la rue des Cascades deviendra une rue piétonnière. La section de cette artère commerciale majeure du centre-ville comprise entre l’avenue Duclos et l’avenue Saint-Joseph sera fermée à la circulation automobile. Ce projet annoncé mardi essuie déjà de vives critiques des commerçants sondés par LE COURRIER.

« Le but premier de cette décision est d’assurer la sécurité des visiteurs et des marchands du centre-ville et ainsi de respecter les règles de distanciation sociale. Beaucoup de clients attendent en ligne devant les magasins en raison des mesures sanitaires imposées par le gouvernement », justifie Jausée Carrier, présidente de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville, en entrevue au COURRIER.

Des blocs de béton et une quarantaine de massifs de fleurs seront installés prochainement pour délimiter les différents tronçons de la rue des Cascades qui seront interdits d’ici quelques jours aux automobilistes.

« Nous allons créer un environnement qui sera propice pour magasiner en toute confiance et en toute sécurité », estime Mme Carrier.

Décision de la Ville

Selon Jausée Carrier, la décision de transformer temporairement la rue des Cascades en une rue piétonne a été prise par la Ville de Saint-Hyacinthe. « C’est Jeannot Caron [conseiller municipal du district Cascades] qui a demandé l’appui de la SDC. Nous avons envoyé une lettre de soutien à la Municipalité incluant des recommandations comme celle d’assurer la réouverture des terrasses de façon sécuritaire », mentionne Mme Carrier.

« La SDC ne consacre aucun budget ni aucune logistique dans ce projet pilote. C’est la Ville qui chapeaute l’ensemble du projet », précise-t-elle.

Tollé à l’horizon

Transformer pendant trois mois et une semaine la rue des Cascades en un long corridor piétonnier ne passe pas aux yeux des trois commerçants que nous avons interrogés.

Ceux-ci dénoncent unanimement le fait qu’ils n’ont pas été sondés dans ce projet présenté comme pilote. En fin de compte, on souhaite évaluer la possibilité de rendre cette artère piétonnière de façon permanente.

« En pleine crise économique, je trouve que cette décision va provoquer un tollé dont nous n’avions pas besoin au centre-ville », considère Stephan Rhéaume, de la boutique de vêtements Strauss.

« Le moment est mal choisi pour une décision aussi audacieuse. À l’hôtel de ville, il y a des gens qui rêvent de transformer la rue des Cascades en rue piétonne », poursuit-il.

M. Rhéaume se réfère à une étude de Mario Polèse, professeur à l’Institut national de recherche scientifique (INRS). « Une piétonnisation est possible lorsqu’une rue se trouve dans un milieu de vie riche, qui ne se limite pas à une série de commerces. C’est le cas de Sainte-Catherine Ouest, qui est le lieu de travail de milliers de Montréalais, et sur laquelle on retrouve les universités McGill et Concordia. Plusieurs rues avoisinantes sont aussi habitées et le seront davantage lorsque les nouveaux condos du secteur auront des locataires », indique cet expert en revitalisation urbaine.

« L’environnement immédiat du centre-ville de Saint-Hyacinthe ne s’approche pas du tout d’un milieu de vie riche. Nous n’avons pas d’université ou de cégep pour faire vibrer la rue de façon permanente et, malheureusement, nous vivons un réel exode de professionnels », commente Stephan Rhéaume.

Linda Leduc, propriétaire de la boutique de vêtements pour femmes Moi et l’autre située également sur la rue des Cascades, n’est pas d’accord de voir transformer le devant de son commerce en un espace piétonnier.

« Les clients ne voulaient plus revenir au centre-ville en raison des problèmes de stationnement. Aujourd’hui, le centre-ville est super beau, les consommateurs reviennent. Ce n’est pas le moment de leur mettre des bâtons dans les roues », estime Mme Leduc.

Toujours sur la même artère, Thomas Chaput, propriétaire de la Boutique Amandine, observe que le projet d’implanter au centre-ville une rue piétonnière permanente revient régulièrement sur la table. « J’aurai été d’avis de tester ce projet dans un contexte économique moins incertain. Je ne pense pas que ce soit le temps d’avoir une rue vide avec uniquement des piétons », considère M. Chaput.

« Même si la Ville nous a redonné beaucoup de stationnements, les clients veulent garer leur véhicule à proximité du commerce », constate ce marchand.

Sur le sujet, Jausée Carrier précise que le projet de rue piétonne va soustraire uniquement 20 cases de stationnement. Le plafonnier urbain sur la rue des Cascades sera aussi de retour avec une nouvelle décoration aérienne.

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