Pour faire changement, nous sommes aussi allés voir des intervenants qui ne s’étaient pas encore prononcés dans nos pages sur ce dossier. Commençons par le Bil Pub de la microbrasserie maskoutaine Le Bilboquet. Sa gérante, Marie-Ann Bélanger, a rapporté un impact somme toute négligeable en matière d’achalandage pendant la période piétonne. Par contre, cet aménagement a réussi à amener une ambiance agréable durant la fin de semaine, a-t-elle ajouté. Elle croit donc que le mot va se passer et que la clientèle sera au rendez-vous les autres week-ends.
Son de cloche différent pour la boutique Moi et l’Autre, qui a pour sa part connu une baisse d’achalandage durant cette période, a indiqué la propriétaire Linda Leduc. Elle ne veut toutefois pas attribuer directement cette situation au projet de piétonnisation. « Je crois que la température n’a pas aidé non plus. On verra les prochaines semaines », a-t-elle commenté.
Du côté du café Van Houtte, la rue piétonne a apporté un impact positif important, selon le gérant Yannick Laporte, qui rapporte un bond des ventes de 25 % par rapport à la semaine précédente. Très favorable au projet pilote, il aurait même préféré la formule longue, du lundi au dimanche, et pouvoir s’étendre davantage à l’extérieur, pour offrir des dégustations, par exemple. « C’est le moment de tester des choses », a-t-il commenté.
À la librairie L’Intrigue, située au coin de Saint-Antoine et de l’Hôtel-Dieu, soit légèrement en retrait par rapport à l’artère principale, on n’a pas vraiment senti un impact durant la fin de semaine, avec des ventes stables, selon la copropriétaire Diane Marquis. Elle juge toutefois que la piétonnisation n’a pas apporté d’ambiance dans le secteur. Ses clients font plutôt part d’un irritant pour l’accessibilité en voiture.
Terminons à l’extrémité complète de la rue des Cascades, au restaurant Hippi Poutine, ouvert l’an dernier au coin de l’avenue Bourdages, tout près du pont Barsalou. Son propriétaire, Antoine Besson, se montre très ouvert à l’idée de piétonniser le centre-ville, mais a trouvé que la première édition manquait cruellement d’ambiance. Proactif, le restaurateur a justement plusieurs idées en tête pour donner un peu de vie à son tronçon de rue, et ce, dès la fin de semaine prochaine.
Rencontré mardi, il a toutefois indiqué vouloir s’assurer d’obtenir l’autorisation de la Ville avant de déployer son projet. Dans tous les cas, il invite les autorités municipales à laisser une pleine autonomie aux marchands pour qu’ils puissent animer le centre-ville par leurs initiatives et contribuer au succès du projet pilote.
Pour un exercice plus complet…
Ces quelques commentaires ne font que fournir un instantané de l’humeur des commerçants face à la rue piétonne, qui, comme on peut le constater, varie grandement selon le type de commerce. Pour le bilan plus complet, les démarches sont déjà amorcées du côté de Saint-Hyacinthe Technopole, mandatée par la Ville pour évaluer le projet pilote. Son directeur du développement commercial, Sylvain Gervais, a d’ailleurs lancé un sondage à l’intention des commerçants du centre-ville à la suite du premier week-end piéton. Le même exercice sera réalisé chaque semaine, a-t-il aussi précisé, ce qui permettra de constater s’il y a une évolution au fil du projet pilote.
Durant la période piétonne, des employés sont également présents sur la rue pour recueillir les commentaires des passants. Déjà, on sait qu’un constat qui revenait fréquemment parmi la population concernait les nombreux commerces fermés les jeudis et vendredis soir. En effet, plusieurs ont encore des heures d’ouverture modifiées en raison de la pandémie.