Cette célébration mémorable s’est tenue à la suite d’une recherche historique initiée par Mgr Chistian Rodembourg après son ordination comme 12e évêque de Saint-Hyacinthe il y a presque cinq ans, le 17 septembre 2017. C’est alors que fut découvert que le 4e évêque, Mgr Louis-Zéphirin Moreau, avait procédé à la bénédiction de la cathédrale, le 4 juillet 1880, et avait annoncé, dans son invitation, le 1er mai de la même année, que la dédicace aurait lieu ultérieurement, ce qui n’est jamais arrivé.
Comme l’explique Mgr Rodembourg, la consécration solennelle doit se faire quand tous les travaux sont complétés. Toutefois, plusieurs défis se sont présentés à ce sujet dans les années suivantes jusqu’ à ce que la dédicace tombe dans l’oubli. Moins de cinq ans après l’inauguration de l’église mère, il fut constaté que la charpente des toitures commençait à s’affaisser et que la fondation de la façade et des deux tours travaillait de toutes parts. En 1898, des inspecteurs du gouvernement vinrent donc inspecter les lieux. Leur verdict : l’église ne pourrait tenir debout qu’encore trois ou quatre ans. C’est à l’hiver 1908 que les plans de réfection furent préparés. Contre vents et marées, la cathédrale avait réussi à dépasser son espérance de vie annoncée. Des travaux majeurs et autres réfections se déroulèrent entre 1942 et 1963 ainsi qu’en 1998 et 1999.
« Jusqu’à ce jour, en 2022, on continue d’en prendre grand soin. Cent quarante-deux ans plus tard, la cathédrale est toujours, mais elle se trouve être différente de celle de l’époque de Mgr Louis-Zéphirin Moreau. Par exemple, ce ne sont plus la façade ni les tours d’origine que nous voyons », a illustré Mgr Rodembourg lors de son homélie.
« Oui, cette cathédrale de saint Hyacinthe le Confesseur est vraiment un chez-soi familial pour toute personne désireuse de rencontrer Dieu, amour et tendresse. Cette cathédrale est votre maison, elle est notre maison et, remarquez, nous sommes toujours assis dedans, elle tient toujours debout. Il me semble que les trois ou quatre ans évalués sont donc bien longs », a-t-il conclu.
Rites importants
L’homélie a été suivie des litanies des saintes et saints pour la dédicace. Celles-ci étaient caractérisées par l’invocation, dès le début, au Cœur immaculé de Marie, patron principal du diocèse, puis, au centre, le peuple de Dieu a été invité à prier saint Hyacinthe, titulaire de la cathédrale. Elles se sont conclues par l’invocation du bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, patron secondaire du diocèse.
Les reliques ont ensuite été placées dans le sépulcre qui a été déposé et scellé sous l’autel. Mgr Rodembourg a, par la suite, fait la prière de la dédicace. L’autel ainsi que les murs de l’église ont également été oints et encensés. Les cierges de la Dédicace ont, par la suite, été allumés. L’autel, la nef et tous les luminaires ont aussi été illuminés. C’est la communion qui a ensuite été prise et le texte latin Locus iste, qui provient de la messe pour l’anniversaire de la dédicace d’une église, a été chanté. Le chanoine Claude Lamoureux, le vicaire général, a également adressé des remerciements.
Avant de quitter la cathédrale, Mgr Rodembourg et les autres évêques présents se sont arrêtés devant le tombeau du bienheureux Louis-Zéphirin Moreau pour le vénérer. Pour l’occasion, une pierre gravée a aussi été installée à l’entrée de la cathédrale avec les dates de la bénédiction et de la dédicace.
Les personnes présentes, dont les Sœurs de la Présentation de Marie et les Pèlerins de Saint-Michel, ont trouvé la cérémonie, et les rites en particulier, merveilleux.
Un autel futuriste
L’autel qui a été dédicacé par la même occasion avait été livré il y a deux ans, en pleine pandémie. Mgr Rodembourg a donc décidé d’attendre le retour des rassemblements pour la consacrer, a expliqué l’architecte Kevin Blondin, du bureau Nadeau Blondin Lortie Architectes. Il en était à la réalisation de son premier autel, mais le bureau d’architectes a travaillé sur presque 140 églises. Ce projet a duré un an et demi.
La pièce imposante est faite de marbre provenant d’Europe et la mâchoire intérieure d’acier. Cette dernière permet au tout de se tenir et de rester ouvert à l’infini. Les lumières peuvent aussi changer de couleurs et l’autel peut se placer dans différents angles.
« L’autel et l’ambon prennent une importance considérable dans l’église. Il fallait donc [se soucier de] l’ensemble et de l’individuel. Le tout en les intégrant dans un décor plus que centenaire », a affirmé l’architecte lors de son discours. Il a parlé d’une intégration douce, délicate et cohérente. Les couleurs sont donc dans les blancs, les crèmes, le brun et le doré comme la cathédrale elle-même.
L’autel est d’ailleurs à l’image du tombeau du Christ et il s’ouvre comme lors de la résurrection, d’où sa sacralité.
« Dès les premiers siècles de l’église, nos premiers pères dans la foi ont vu dans l’autel un symbole du Christ lui-même. C’est ainsi que nous nous inclinons devant l’autel et que les célébrants lui donnent un baiser avant et à la fin de chacune des eucharisties », a expliqué Mgr Rodembourg dans son homélie.