6 mars 2025 - 03:00
Zone d’innovation agroalimentaire, la suite
La colère gronde
Par: Martin Bourassa
La semaine dernière, en écrivant que la Ville de Saint-Hyacinthe, Saint-Hyacinthe Technopole et tous les intervenants impliqués de près ou de loin dans la désignation de Saint-Hyacinthe en tant que zone d’innovation en agroalimentaire peinaient à faire leur deuil du refus signifié par Québec, j’étais dans le champ.

Non seulement tout ce beau monde peine à faire son deuil et à passer du stade de la colère à l’acceptation et à la reconstruction, mais ils ne le feront pas!

Une semaine après le coup de masse en plein front, on ne décolère pas pantoute dans la verte campagne maskoutaine. Et la colère va demeurer, à moins que le gouvernement et la ministre responsable, Christine Fréchette, ne revoient cette décision incompréhensible tombée après cinq ans d’efforts soutenus pour faire reconnaître une évidence.

Quand c’est rendu que l’affable et toujours modéré conseiller du secteur Sainte-Rosalie, Donald Côté, prend la peine d’écrire une lettre ouverte au COURRIER pour exprimer son mécontentement et traiter au passage l’ancien ministre caquiste Pierre Fitzgibbon de peddler en chef, on ne peut faire autrement que de se dire que la désillusion a frappé fort. Et que dire de la réaction incisive d’André Barnabé dans nos pages cette semaine? L’ex-directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole, qui a piloté le dossier de reconnaissance de la zone pendant les deux premières années, est sorti de sa retraite et de sa réserve pour distribuer quelques taloches bien senties au gouvernement.

Et après avoir été abreuvés d’espoir par les politiciens et les fonctionnaires, pour reprendre les mots de M. Côté, les intervenants locaux ont décidé… de vivre d’espoir! Ils ont déjà écrit à la ministre Fréchette pour réclamer une audience et la supplier de reconsidérer la décision de son ministère. La correspondance diplomatique n’a pourtant rien donné de bon jusqu’ici. Toutes les lettres adressées depuis l’été dernier au ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie par Saint-Hyacinthe ou des acteurs impliqués dans le dossier sont demeurées lettre morte. Toutes. Jamais d’accusé de réception.

Les lettres, la méthode douce, c’est bien beau, mais un moment donné, il faut prendre sa voiture ou son tracteur, c’est encore mieux, paraît-il, et se rendre directement à Québec pour se faire voir et entendre. Nulle part au Québec, à ma connaissance du moins, je n’ai été témoin d’une réaction aussi virulente à la suite de la non-attribution par Québec d’une zone d’innovation, alors que les rejets ont été beaucoup plus nombreux que les acceptations. Voilà un signe que la mobilisation et les attentes étaient à un niveau inégalé!

Des attentes démesurées peut-être? Difficile à dire, car il nous manque des éléments cruciaux pour juger de la qualité du dossier maskoutain. Dans le communiqué de presse dénonçant le refus de Québec, on a écrit dans le tout dernier (?) des 13 paragraphes que le projet maskoutain prévoyait d’ici cinq ans des investissements de 1,5 G$. Même que le Conseil de la transformation alimentaire du Québec parlait pour sa part de 1,7 G$ sur cinq ans, dont 461 M$ en infrastructures et équipements, 320 M$ pour des projets de recherche et développement et environ 931 M$ pour soutenir la création et l’expansion d’entreprises.

À première, et même à deuxième vue, c’est énorme, voire suspect. Surtout si l’on considère que l’investissement industriel connu et le plus attendu et ambitieux d’ici 2029 à Saint-Hyacinthe est celui de l’usine de la coopérative Exceldor, au montant estimé entre 250 et 400 M$. Est-ce que ce projet est inclus dans le 1,5 G$? Il est permis de le croire. Le hic, c’est que le concept d’innovation et de développement à l’international ne saute pas aux yeux quand il est question de la construction d’un abattoir de volailles. Et comme il y a forcément de l’argent du gouvernement du Québec dans le montage financier d’Exceldor, c’est à se demander s’il n’y avait pas des peddlers des deux bords lors des échanges avec Québec sur la zone d’innovation.

Qu’en pensez-vous, M. Côté?

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