Selon le ministre de l’Environnement canadien, Steven Guilbeault, la 28e Conférence de l’ONU sur le climat (COP) s’est conclue par un accord MONUMENTAL. Moi, si j’étais le même gars qui a acheté des pipelines, augmenté la production de pétrole bitumineux, autorisé des forages dans le golfe du Saint-Laurent et qui déclarait il y a quelques mois ne pas fermer la porte à des forages pétroliers dans des refuges marins… je me garderais le « monumental » modeste.
Voici pourquoi. D’abord, cette conférence accueillait un nombre record de lobbyistes des énergies fossiles. Ils étaient « officiellement » 2456 employés de Total, Shell, Exxon, BP et de l’OPEP à rôder dans les corridors. Le président de la COP, le sultan Al Jaber, aussi président de la compagnie pétrolière Émiratite ADNOC, trouvait ça « inclusif ».
Déjà qu’un sultan utilise le terme « inclusif », c’est très drôle, mais le plus amusant, c’est que quelques mois avant la conférence, sa compagnie annonçait qu’elle augmenterait sa production de pétrole de 25 %. Il n’est pas seul. Le Canada aussi va augmenter sa production, tout en diminuant ses GES, on ne sait trop encore par quelle magie. Magie ou hypnose, car le lobby pétrolier aura réussi à transformer la COP en grosse foire économique pour s’assurer que la business continue.
En fait, l’accord « appelle » les parties à s’éloigner des énergies fossiles, mais sans donner d’objectifs précis, de moyens concrets ou imposer de contraintes. Un peu comme quand l’ONU « appelle » à un cessez-le-feu à Gaza… voyez le résultat. « Oui, oui, quand on n’aura plus d’obus à lancer », leur répond-on. Ainsi, on « s’éloignera » du pétrole quand il n’y aura plus une goutte à brûler. Autrement dit, l’accord aurait très bien pu se résumer à : « Je dis ça, je dis rien. »