La Couronne expose depuis le 20 novembre sa preuve et ses témoins pour convaincre le jury de la culpabilité de Francis Yergeau. Pourtant, une bonne partie des témoins ont majoritairement parlé de son présumé complice, qui subira son procès en 2019, se contentant de dire que Yergeau, plus calme et discret, accompagnait souvent son complice. Un des derniers témoins à comparaître cette semaine, Patrick Bélanger, a donné le surnom de Chien de poche à Yergeau, le voyant comme un subordonné à l’autre accusé.
La pièce maîtresse de la Couronne est l’interrogatoire que Yergeau a subi dans les heures suivant son arrestation sur son lieu de travail, la cimenterie Groupe MBM à Acton Vale. Celle-ci, menée par le policier Daniel Fortin, dure environ 11 h et doit être présentée intégralement en cour. Dans les premiers instants de la vidéo, l’accusé répond poliment aux questions, mais s’avoue surpris de son arrestation. Il a déjà été annoncé que Yergeau allait avouer au fil de l’interrogatoire avoir commis les meurtres et d’avoir scié l’arme du crime, un fusil à pompe de calibre 12, en plusieurs parties pour ensuite s’en débarrasser. Il a d’ailleurs aidé les enquêteurs à retrouver deux des morceaux de l’arme.
À la fin de la diffusion de l’interrogatoire, prévue aujourd’hui, l’agent Fortin devra répondre aux dernières questions des procureurs de la Couronne et subir un contre-interrogatoire. Cela devrait conclure la preuve de la poursuite et le procès reprendra normalement lundi pour que la défense présente à son tour ses témoins.
Arme achetée en Ontario
Le témoignage le plus controversé cette semaine a été celui de Patrick Bélanger, alias Ti-Rouge, qui s’est décrit comme un grand ami de Martin Bélair. Ce passionné d’armes a été approché par le complice de Francis Yergeau pour acheter une arme et s’est senti forcé de suivre les ordres, de peur pour sa sécurité et celle de ses proches. À l’aide de son permis d’armes à feu, les complices ont pu se procurer un fusil de calibre 12 en Ontario le 27 décembre, quelques jours avant la disparition des deux victimes, tuées par balles par des munitions de ce calibre.
De retour au Québec et toujours sous la contrainte de la peur, il a sablé les numéros de série de l’arme en question et a testé l’arme pour s’assurer qu’elle était fonctionnelle avant de quitter les lieux. Le contre-interrogatoire a remis en question la crédibilité du témoin en soulignant qu’il continuait de fréquenter le Cabaret Flamingo malgré la peur que lui inspirait le complice de Francis Yergeau et le fait qu’il ait reçu un montant d’argent, 200 ou 300 $, et un souper au restaurant après l’achat de l’arme en question. De plus, même si les corps des victimes ont été retrouvés le 9 janvier 2015, M. Bélanger n’a pas parlé aux policiers avant avril 2016.
La conclusion du procès devant jury de Francis Yergeau, présidé par le juge Daniel Royer, devrait arriver avant le temps des fêtes.