23 janvier 2020 - 18:05
Dossier Exceldor et la CPTAQ
La dernière chance
Par: Martin Bourassa
Démontée aux sens propre et figuré par la réponse défavorable de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) à sa demande de dézonage devant permettre à Exceldor d’installer un abattoir en terre agricole, la Ville de Saint-Hyacinthe examine encore ses alternatives. Et elles sont de moins en moins nombreuses.

Puisque les délais d’appel sont expirés et que cette voie avait peu de chance de succès, la Ville doit décider entre demander une révision de cette décision ou encore déposer une toute nouvelle demande. Et à moins d’une surprise de taille, c’est l’option de la nouvelle demande qui s’imposera d’elle-même. La demande de la dernière chance.

Pourquoi la CPTAQ dirait oui là où elle vient de dire non, demandez-vous?

Pour un résultat différent, il faudra que la Ville apporte des arguments nouveaux. Il faudra davantage que ressortir l’argument de la biosécurité qui n’a pas semblé émouvoir la CPTAQ. Elle devra oser et donner suite à une idée fort intéressante lancée par la députée Chantal Soucy. Cette dernière a suggéré à la Ville de Saint-Hyacinthe de proposer un échange de terrains, un geste qui pourrait peut-être satisfaire la CPTAQ et permettre à Exceldor de s’installer sur le terrain visé sans pour autant diminuer le territoire agricole cultivable à Saint-Hyacinthe.

Comment ce tour de force serait-il possible? Ce n’est pourtant pas sorcier. Résumons. Dans ce dossier, la Ville cherche à faire dézoner 23,64 hectares pour agrandir le parc industriel Olivier-Chalifoux, le terrain A.

La CPTAQ a dit non, en faisant entre autres siens les arguments évoqués par l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie. Cette dernière estimait que la perte de bonne terre agricole serait néfaste, d’autant plus qu’il existe une option de moindre impact du côté du parc industriel Théo-Phénix. À cet endroit, la Ville dispose de 38 hectares à développer en terre agricole et assujetis à un droit acquis, le terrain B.

L’idée pour la Ville consiste à échanger le terrain A contre le B, et de renoncer au droit acquis sur le terrain B et à la possibilité d’agrandir à des fins industrielles le parc Théo-Phénix. Il semble que la Ville serait même prête à se contenter du dézonage de 11 des 23,64 hectares réclamés, question de répondre d’abord aux besoins d’Exceldor. Elle laisserait tomber la douzaine d’autres hectares devant servir à agrandir le parc Olivier-Chalifoux.

Cette proposition nous apparaît comme une solution gagnante pour tout le monde. En plus de permettre à Exceldor de réaliser son investissement de 200 M$ et de créer de bons emplois chez nous, l’étendue de la zone agricole n’en souffrirait aucunement. Mathématiquement parlant, la zone agricole serait même plus importante à la fin, compte tenu de la superficie des terrains concernés.

Pour l’UPA et la CPTAQ, qui se font toutes les deux un devoir sacré de défendre l’intégrité du territoire agricole, l’honneur serait donc sauf, l’objectif recherché atteint. Mais malheureusement, il semble que l’UPA soit trop orgueilleuse pour reconnaître les mérites de cette proposition et qu’elle ne l’appuiera pas advenant une nouvelle demande de la Ville devant la CPTAQ.

C’est décevant, de l’orgueil mal placé et une attitude déplorable de la part des représentants de l’UPA. Ils ratent une belle occasion de s’attirer des éloges en dénouant l’impasse et en soutenant le développement économique de la région. Ils devraient y réfléchir à deux fois.

Jusqu’ici, le maire de Saint-Hyacinthe a toujours mis des gants blancs, publiquement du moins, en parlant de l’UPA. Il serait grand temps qu’il accentue la pression. Est-il trop mal placé pour le faire, en tant que maire et producteur agricole membre de l’UPA? La question se pose de plus en plus, si vous voulez mon avis.

Vu l’enjeu actuel, notre porteur de ballon doit avoir les coudées franches et la poigne nécessaire pour dire les vraies affaires et poser les gestes appropriés. Il y a déjà un mois de passé depuis la décision rendue par la CPTAQ et le discours de Claude Corbeil n’a guère évolué.

Pire, il mentionne publiquement que la Ville n’a aucunement l’intention d’agrandir le parc industriel Théo-Phénix, alors qu’il aurait tout intérêt à suggérer le contraire et à semer le doute afin de rendre l’échange de terrains encore plus nécessaire aux yeux de la CPTAQ. Jusqu’ici, la stratégie de la Ville de Saint-Hyacinthe a fait patate.

Elle n’a plus le luxe de se tromper.

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