21 avril 2022 - 07:00
La disparition de la voie d’accès sous le pont polarise au conseil municipal
Par: Sarah-Eve Charland
Cette bretelle d’accès sera amenée à disparaître pour laisser place à la promenade Gérard-Côté. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Cette bretelle d’accès sera amenée à disparaître pour laisser place à la promenade Gérard-Côté. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La promenade Gérard-Côté a enflammé les débats au conseil municipal. Le conseiller du quartier La Providence, Bernard Barré, a confronté ses collègues sur une décision, prise en séance plénière, qui vise à éliminer la bretelle d’accès en dessous du pont Barsalou pour laisser place à des pistes cyclable et piétonnière.

Le conseiller municipal a choisi d’exposer cette décision à la séance publique du conseil le 19 avril alors qu’elle avait été prise à huis clos. « C’est une condamnation à mort de la rue sous le pont. Pour moi, cette décision est une insulte aux utilisateurs du pont », s’est exclamé Bernard Barré.

Entre la place des spectacles et la bibliothèque, le tronçon est exigu. Les élus devaient donc se prononcer entre maintenir la bretelle d’accès, la rétrécir ou l’éliminer au profit du transport actif. C’est finalement la troisième option qui a été adoptée.

Profitant du tour de table des conseillers, M. Barré a pris de longues minutes pour exprimer son désaccord. Il a fait référence à des discussions tenues avec l’ancien conseil municipal en 2018. À l’époque, les élus avaient décidé de maintenir la rue lorsque le projet de la promenade Gérard-Côté en était à ses balbutiements. M. Barré a mentionné que le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, avait pris trop de liberté dans ce dossier en proposant à la firme Daoust-Lestage d’élaborer un concept sans rue sous le pont.

« Mon rôle est administratif. Je ne fais pas de politique. Je n’ai pas grand-chose à répliquer si ce n’est que mon rôle est de m’assurer que l’information est pleinement partagée aux membres du conseil. Comme on amenait le concept final, il me semblait important que la firme de consultants amène tous les éléments. C’était d’autant plus pertinent puisqu’il y a quatre élus qui n’étaient pas là en 2018 », a répondu M. Bilodeau.

Alors qu’il brandissait une étude de circulation réalisée par Trafix, Bernard Barré a affirmé qu’une quarantaine de voitures empruntent la rue sous le pont à l’heure de pointe le matin. Il craint que la disparition de cette bretelle d’accès densifie la circulation à cet endroit. Il y a quelques années, il s’était d’ailleurs opposé au virage à gauche sur le pont Barsalou en direction de la rue des Cascades.

La bretelle d’accès a été inaugurée à l’automne 1990. Elle avait été réalisée dans le cadre de l’élargissement de la rue des Cascades et de l’avenue Bourdages. L’ensemble des travaux avait représenté des dépenses de 1,7 M$ à l’époque.

LES ÉLUS RÉPLIQUENT

David Bousquet a aussi voté contre la disparition de la voie d’accès en soulignant que le secteur sera amené à se transformer. Selon lui, il est prématuré de prendre cette décision en raison des nombreux projets de construction à venir dans le secteur. Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a tenu à ajouter que la Ville n’avait pas à s’ajuster aux promoteurs, mais que c’était plutôt aux promoteurs de s’adapter aux projets de la Ville.

Bernard Barré n’a pas mâché ses mots en mentionnant que certains membres du conseil étaient des vire-capot. Les autres élus n’ont pas tardé à répliquer.

« Je ne suis pas d’accord. On n’est pas des vire-capot, a répondu le conseiller du centre-ville, Jeannot Caron. La meilleure décision qu’on a prise est celle qu’on vient de prendre tous ensemble. C’est se donner une infrastructure pour les 50 prochaines années. Bernard, on est rendu en 2022. On n’est plus en 1990. Il faut penser à demain, à nos enfants. Il faut arrêter de penser automobile. C’était la réalité dans les années 1990, mais ce n’est plus le cas. »

La conseillère municipale du quartier Saint-Joseph, Mélanie Bédard, a renchéri. « Cette bretelle n’a plus besoin d’être là. [Les automobilistes] vont arriver à la place des spectacles. Ils vont arriver dans les spectateurs. On va être obligé de fermer cette bretelle-là lors des spectacles. Cette bretelle n’a plus de raison d’être. Le plan que [la firme] nous a montré est extraordinaire. On veut augmenter la canopée. C’est le temps d’y penser et de faire un beau parc. »

RÉVISION DU BUDGET

Les élus ont accepté de diviser le projet de la promenade Gérard-Côté en phases afin de respecter la capacité de payer des contribuables. Auparavant, le budget estimé s’élevait à 33 M$. Le maire Beauregard a ajouté que le budget n’a pas encore été révisé. Avec les orientations choisies par le conseil municipal, la firme développera dans les prochains mois les plans et devis. L’objectif est de lancer l’appel d’offres à la fin 2022 ou au début 2023.

En mars, la Ville a déposé une demande de subvention au Fonds pour le transport actif du gouvernement fédéral. Il s’agit de la première édition de ce programme qui fournira une enveloppe de près de 400 M$ sur cinq ans pour favoriser un transfert modal de la voiture vers le transport actif.

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