12 mars 2020 - 13:25
Pandémie de COVID-19
La Faculté de médecine vétérinaire : un maillon essentiel
Par: Jean-Luc Lorry
Adjointe de recherche, Mélodie Langlais réalise des travaux dans l’un des laboratoires de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Adjointe de recherche, Mélodie Langlais réalise des travaux dans l’un des laboratoires de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Sur la photo, Sylvain Quessy, professeur en santé publique vétérinaire, et le virologiste Levon Abrahamyan, tous deux enseignants à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Sur la photo, Sylvain Quessy, professeur en santé publique vétérinaire, et le virologiste Levon Abrahamyan, tous deux enseignants à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal située à Saint-Hyacinthe représente un maillon essentiel dans l’identification et le contrôle des virus puisque la plupart sont transmis à l’homme par des animaux.

Le COVID-19, un coronavirus qui a déclenché une crise sanitaire mondiale, retient également l’attention des chercheurs de cette institution de premier plan vouée à la recherche.

« Nous sommes reconnus pour le contrôle des maladies animales. Nous jouons un rôle essentiel dans le dépistage des maladies qui se transmettent de l’animal à l’homme », indique en entrevue au COURRIER le professeur Sylvain Quessy, qui enseigne la santé publique vétérinaire à la FMV.

« Les trois quarts des maladies infectieuses ont pour origine les animaux. Louis Pasteur – pionnier dans la vaccination – disait : “les microbes auront le dernier mot” », poursuit le vétérinaire.

Chauve-souris ciblée

Dans le cas du COVID-19, il s’agirait de la chauve-souris qui est à l’origine (réservoir animal) de la propagation de ce coronavirus à l’échelle planétaire.

Le pangolin, un petit mammifère dont la chair et les écailles sont prisées en Chine, serait l’espèce ayant pu transmettre ce coronavirus à l’homme.

« Le pangolin a été ciblé comme un possible hôte transitoire, mais les études du génome du virus montrent que celui-ci est très apparenté aux coronavirus provenant des chauves-souris. En plus, comme les gens en mangent, il est plus probable que ce soit lors de l’abattage et la préparation de cette viande qu’il y a eu exposition », mentionne le Dr Quessy.

Même si la viande de chauve-souris est consommée en Chine ainsi qu’en Indonésie, aucune étude scientifique pour le moment ne confirme qu’un chiroptère aurait transmis directement le virus à l’homme.

Professeur au département de pathologie et microbiologie de la FMV, Levon Abrahamyan se présente pour sa part comme l’un des rares virologistes au Québec à travailler avec les coronavirus.

« Je suis certain que le nouveau coronavirus vient de la chauve-souris. Cependant, sa transmission directement de la chauve-souris aux humains est questionnable », considère Levon Abrahamyan, lors d’un entretien téléphonique.

Selon lui, les contacts fréquents de la population avec la faune sauvage ainsi que les voyages en augmentation régulière à travers la planète représentent des « opportunités formidables pour les virus ».

Dr Abrahamyan rappelle que la chauve-souris est connue pour être le réservoir animal du virus Ebola ainsi que du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), une maladie infectieuse des poumons causée par un coronavirus. Le SRAS avait provoqué une épidémie en 2002 et 2003. La transmission du SRAS à l’humain s’est faite par la civette (petit mammifère) et par des singes pour le virus Ebola.

Dans le cas du SRMO, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient découvert en 2012, l’animal ayant transmis ce virus hautement infectieux était le dromadaire.

« Pour contrôler une épidémie comme celle du COVID-19, il faut absolument que les gouvernements maîtrisent sa propagation », estime le professeur Abrahamyan.

Ce virologiste recommande vivement le lavage des mains. « Ce coronavirus est constitué d’une enveloppe virale qui est très sensible au savon et aux désinfectants », précise-t-il.

Désinfectant naturel

Depuis plusieurs années, l’équipe du Dr Sylvain Quessy s’intéresse à vérifier l’efficacité des désinfectants contre différents virus et bactéries pouvant se transmettre à l’homme.

À la fin des années 90, Sylvain Quessy avait apporté son expertise à l’entreprise Laboratoire M2 de Sherbrooke pour la mise au point d’un désinfectant agricole naturel.

Thymox AG est un désinfectant à base de molécules contenues dans l’huile de thym. Il est utilisé principalement pour la désinfection de fermes porcines et d’élevages de volailles.

« Au début, ce produit a été créé dans un contexte de peste porcine africaine et d’influenza aviaire », souligne le Dr Quessy, qui travaille également avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

Selon la direction de l’entreprise, ce produit est efficace contre le COVID-19, mais aussi la grippe A et le VIH.

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