20 avril 2017 - 00:00
« La ferme : un « porc » d’attache très puissant pour notre famille »- Daniel Veilleux
Par: Le Courrier
Cette haie brise-vent mature protège les cultures de l’érosion éolienne. Sa mixité de feuillus et conifères assure une bonne protection à longueur d’année. C’est un investissement pour lui et pour les générations futures. Crédit : Hélène Brien

Cette haie brise-vent mature protège les cultures de l’érosion éolienne. Sa mixité de feuillus et conifères assure une bonne protection à longueur d’année. C’est un investissement pour lui et pour les générations futures. Crédit : Hélène Brien

Cette haie brise-vent mature protège les cultures de l’érosion éolienne. Sa mixité de feuillus et conifères assure une bonne protection à longueur d’année. C’est un investissement pour lui et pour les générations futures. Crédit : Hélène Brien

Cette haie brise-vent mature protège les cultures de l’érosion éolienne. Sa mixité de feuillus et conifères assure une bonne protection à longueur d’année. C’est un investissement pour lui et pour les générations futures. Crédit : Hélène Brien

En collaboration avec la MRC des Maskoutains, Le Courrier présente une série d’entrevues réalisées avec 16 producteurs agricoles qui, à l’été 2016, ont participé au projet Le photographe est dans le pré. Ces producteurs étaient jumelés avec des photographes du Club Photo Saint-Hyacinthe. Par leurs images, ils devaient valoriser le travail de ces agriculteurs, sensibles à la préservation des ressources, qui ont mis en place de bonnes pratiques agroenvironnementales sur leur ferme. Les agriculteurs participants s’impliquent tous bénévolement au sein d’un comité de bassin versant de la MRC. Consultez le site Internet de la MRC pour en savoir plus sur ce projet. 


Cette entrevue avec Daniel Veilleux, de Saint-Hyacinthe (secteur Sainte-Rosalie), est la quatrième de la série. Il était jumelé à la photographe Hélène Brien. 

Daniel Veilleux est de la 5e génération d’agriculteurs sur sa ferme. Après avoir étudié en agrotechnique, M. Veilleux a travaillé sept ans comme ouvrier dans des entreprises agricoles. Depuis 1990, il exploite son entreprise, spécialisée dans l’élevage du porc, avec ses parents et l’appui de son épouse. Les animaux sont nourris presque exclusivement avec les céréales produites sur la ferme. Les 300 acres de la terre servent à la production des grandes cultures.

En qualité de producteur agricole, quelles actions avez-vous mises en place sur vos terres pour améliorer la qualité de l’eau des fossés et ruisseaux?

« Depuis cinq ans environ, j’ai réussi à améliorer mes bandes riveraines autant au bord des fossés qu’aux abords du ruisseau Delorme. Ce ruisseau passe sur mes terres dans les boisés et ça forme de beaux méandres. On a laissé des bandes riveraines plus larges vis-à-vis de ces méandres. On ne coupe plus les branches qui pourraient pousser aux abords du cours d’eau. J’ai aussi contribué aux premiers projets de revitalisation du ruisseau Delorme comme par exemple pour la Place Guertin. »

Ce sont des actions qui sont visibles à partir de la route et de cette façon, ça sensibilise davantage les citoyens. « Mais je considère que pour protéger les cours d’eau, il faut travailler en amont. Aujourd’hui, on est en mesure de faire une analyse propre à notre entreprise du fumier qui sera étendu. Avant, on avait des formules précises, recommandées de manière universelle à tous les producteurs. Aussi, tout se calcule aisément et je n’ai pas besoin de changer de machinerie pour m’éloigner des cours d’eau. Pour récupérer les engrais qui n’ont pas été absorbés par les cultures, on peut semer un engrais vert comme du trèfle ou du sarrasin par exemple. Lorsque cet engrais vert va se décomposer, cela va redonner des éléments nutritifs au sol. »

Comment vos actions ont-elles aidé à améliorer la diversité des plantes indigènes, oiseaux, etc. sur vos terres?

« C’est sûr qu’il y a des oiseaux qui nichent dans mes bandes riveraines. Surtout qu’on fauche seulement une fois à l’automne. Je n’ai pas remarqué tellement les différentes espèces d’oiseaux. Mais j’ai vu des canards et des grands hérons. Ça signifie qu’il y a de la nourriture pour ces espèces, comme des grenouilles, par exemple. Les bandes riveraines constituent un corridor de circulation pour la petite faune. Tout le long du ruisseau durant l’hiver, il y a des pistes d’animaux, des renards, des coyotes, etc. »

La forêt au fond des terres, Daniel Veilleux a pris la résolution de la préserver. On y voit des érables et des hêtres. Plus on s’éloigne des rivières, plus il reste des boisés et pour lui, c’est un devoir de les conserver. 

« Dans la haie brise-vent que j’ai plantée, j’ai mis des chênes à gros fruits et des épinettes, donc une belle composition de feuillus et de conifères. Je pense qu’avec le temps, des écureuils pourraient aider à disséminer les glands et repeupler la forêt voisine avec des chênes. »

Au départ, il avait planté cette haie brise-vent avec l’intention de couper le bruit et la vue de la porcherie. Donc, la haie sert davantage à améliorer le paysage et la qualité de l’environnement pour tout le monde, y compris pour la petite faune.

« Il faudrait que la haie soit moins loin des bâtiments pour couper réellement le vent. Il y a peut être une perte financière à cause de cette action, mais pas tant que ça parce qu’à cet endroit, le sol était compacté par la machinerie et les premiers rangs de cultures n’étaient pas très beaux. Les avantages compensent largement pour la perte. » 

Daniel Veilleux est très reconnaissant envers tous les citoyens qui habitent le 4e rang. « J’ai des voisins extraordinaires. Toutes les propriétés sont bien garnies en arbres et tout le rang est un véritable corridor écologique. Je ne voulais surtout pas que ma propriété soit une tache dans le rang à cause de ma porcherie. » 

La réduction du bruit et l’embellissement du paysage font aussi partie de l’environnement.

Comment voyez-vous la collaboration entre les différents groupes de producteurs agricoles?

« Pour ce qui est des producteurs agricoles qui ont à peu près le même niveau, on se connaît tous. On a différentes spécialités qu’on se partage en complémentarité. Par exemple, moi je ne suis pas trop calé dans la machinerie. J’apprends des autres. Je côtoie les gens de l’UPA, du MAPAQ et je siège sur plusieurs conseils d’administration, dont le comité de bassin versant des ruisseaux Ferré-Delorme. Ça permet de s’informer et de s’encourager mutuellement. »

Lorsque des gens demandent à Daniel quand il a l’intention de prendre sa retraite, il leur répond qu’ils sont aussi bien de lui demander quand il a l’intention de mourir. Il ne se voit pas arrêter. C’est vraiment un passionné de la terre.

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