À l’occasion du décès de Roger Duceppe, nous reproduisons au bénéfice de nos lecteurs le grand portrait que nous avions fait de lui à l’occasion de sa nomination à titre de personnalité du mois d’avril 2011.
À 71 ans et après avoir donné sans compter pour perpétuer la mission de la Fondation, M. Duceppe estime que le moment est venu de penser un peu plus à lui et à ses proches. Il a une conjointe, deux enfants, voire même quatre si on ajoute les deux de sa belle Josée, et quatre petits-enfants à combler.
Il y a maintenant 50 ans que Roger Duceppe est présent et surtout actif dans la communauté maskoutaine où il est connu comme Barabbas dans la Passion.
Une implication qui s’est manifestée en deux temps, trois mouvements.
D’abord à la radio locale pendant 26 ans entre 1962 et 1988 en tant qu’animateur, directeur général et actionnaire; puis à la Fondation Aline-Letendre qu’il dirige depuis toujours, ou presque. À ce jour, cette fondation vouée à assurer le mieux-être des résidants de l’Hôtel-Dieu n’a connu aucun autre directeur général que lui.
Une situation qui changera le 27 mai, puisqu’il cèdera sa place à Mme Christine Poirier.
Pour le rôle considérable qu’il a joué en tant que figure de proue de la radio locale à Saint-Hyacinthe, pour avoir permis à un nombre considérable de Maskoutains d’aspirer à de brillantes carrières dans les médias et pour tout le bien qu’il a généré à la Fondation Aline-Letendre au cours des 22 dernières années, Le Courrier de Saint-Hyacinthe et la Chambre de commerce et de l’Industrie Les Maskoutains sont heureux de décerner le titre de personnalité du mois d’avril 2011 à Roger Duceppe.
La radio d’abord
Natif de Montréal, Roger Duceppe se destine à une carrière de comédien au terme de son cours classique, inspiré qu’il fût par son cousin Jean Duceppe. Après quelques cours de théâtre, on le dirige tout naturellement vers la télévision et la radio, deux univers en ébullition à Montréal au début des années 1960.
En janvier 1961, il participe d’ailleurs aux premières auditions devant mener à l’ouverture de Télé-Métropole (on lui préféra Serge Bélair), ce qui ne l’empêchera pas d’y revenir par la suite à titre d’annonceur et lecteur de nouvelles surnuméraire.
On lui conseille alors d’aller acquérir de l’expérience en région, à la radio où sa voix calme, grave et posée pourrait bien faire des ravages.
Il atterrit à Victoriaville où on lui offre un emploi sur-le-champ. Il s’installe au micro le 15 mai 1961. Il ne faudra qu’un an à peine pour qu’il soit repêché par les propriétaires de CKBS, la radio maskoutaine. Roger Duceppe débarque en terrain connu à Saint-Hyacinthe puisque toute sa famille du côté maternelle est originaire de Sainte-Rosalie.
De 1963 à 1969, il sera l’homme-orchestre de CKBS. Au micro le matin, puis représentant commercial l’après-midi. C’est en 1969 qu’il passe de l’autre côté de la console. À l’âge de 29 ans, on lui confie la direction de la station, ce qui l’éloigne du micro pour de bon. Il occupe la direction générale jusqu’à la vente de la station en 1988, une station dont il était actionnaire depuis la fin des années 1970.
Sous sa gouverne, CKBS s’impose sur la bande AM comme une véritable radio de services, une radio parlée au service des Maskoutains. Une radio qu’il considérait être une pépinière de talents, une radio-école pour les radios de Montréal, dont CKAC.
« J’ai toujours eu en tête de former de jeunes Maskoutains, souvent issus de la radio du Séminaire, de leur donner un tremplin, raconte Roger Duceppe. Je n’ai jamais ressenti de frustration de les voir quitter, au contraire. J’ai toujours eu une grande fierté de les voir apprendre leur métier ici et de les voir partir. »
Dans le lot, on retrouve de grandes pointures du monde des médias, dont les Paul et Pierre Arcand, Raymond Saint-Pierre, Michel Viens, René Pothier, Pierre Cantin, Julie Bélanger, etc. Une pépinière de talents à n’en pas douter.
Ensuite, la Fondation
Roger Duceppe quitte pour de bon la radio en 1988 à l’âge de 48 ans à la recherche d’un nouveau défi, d’une nouvelle tribune. C’est à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe qu’il la trouve quand on lui offre de prendre en main une fondation naissante.
Tout était à faire se souvient celui qui a eu à former un premier conseil d’administration, puis à faire connaître et à animer la Fondation Aline-Letendre.
Sous le règne fécond de M. Duceppe, ce sont pas moins de 5 millions de dollars qui auront été recueillis et redistribués par la Fondation grâce aux collectes de fonds savamment orchestrées par cet homme, sa fidèle adjointe Sylvie Huard et un conseil d’administration aussi motivé que motivant. « Notre conseil d’administration, c’est notre grande force. Des gens formidables s’impliquent et me guident. »
Les campagnes de financement de la Fondation deviendront des rendez-vous incontournables : pensons au Music-Hall des aînés, à la course des P’tits canards qui s’est terminée au bout de 15 ans avec le mariage des mascottes Théo et Antoinette, au Télé-Bingo depuis 1992, au Défi Vélo Santé et au Défi aux entreprises.
« Nous avons toujours été très créatifs, admet Roger Duceppe. Nous avons appris sur le tas et il y a eu plus de bons coups que de mauvais. Le Music-Hall, par exemple, a récolté 20 000 $ la première année comparativement à 325 000 $ pour l’édition 2011. »
Il faut savoir qu’on ne dit pas souvent non à Roger Duceppe. « On ne donnait pas à l’homme, mais à la cause derrière, à notre mission et nous ne l’avons jamais perdue de vue pendant toutes ces années. Nous sommes un peu le prolongement de l’oeuvre des Soeurs de la Charité, présentes à l’Hôtel-Dieu depuis 1840. Les Maskoutains ont toujours été très fiers et attachés à des institutions comme Le Courrier et l’Hôtel-Dieu. »
Alors pas question pour M. Duceppe de tirer un trait sur la Fondation. Il y reviendra à l’automne pour superviser à temps partiel le programme des dons planifiés.
Le reste du temps, il le consacrera aux siens et à des projets personnels. Il rêve entre autres de planter des vignes sur la terre familiale à Saint-Libioire et de faire son propre vin. Gageons que cette première cuvée Duceppe sera à son image : un grand cru équilibré et vif et qui s’améliore sans cesse en vieillissant!