« Nous avons terminé l’année avec 500 000 $ en pertes nettes. C’est moins pire que ce que nous pensions, mais le problème, c’est que nous ne savons pas combien de temps encore durera la crise », avance Nicolas St-Pierre, directeur général de la Fondation Mira.
Pour éviter la catastrophe financière, la Fondation a rapidement fait appel à sa banque de généreux donateurs afin d’amasser des fonds, lesquels n’ont pas hésité à contribuer massivement. Elle a également repensé la tenue du Week-end vélo Mira afin que les cyclistes puissent participer de façon individuelle tout en collectant des dons. Mira a aussi pu compter sur l’appui de ses partenaires de longue date pour l’aider à traverser cette période houleuse.
Le virus a néanmoins fait tomber le couperet sur le tournoi de golf annuel, une activité fort lucrative pour l’organisation, ainsi que sur les tables de sollicitation. « Juste les tables de sollicitation représentent une perte de 10 à 12 % de nos revenus annuels », partage M. St-Pierre.
Celui qui a commencé sa carrière chez Mira comme entraîneur de chiens à l’âge de 17 ans demeure tout de même optimiste. « J’envisage l’année 2021 comme l’occasion de revoir nos façons de faire, d’aplanir les irritants et de revenir à la charge en étant ultra-performants. »
Avant la pandémie, la Fondation Mira pouvait compter sur un budget annuel de 7,9 M$, lequel a fondu à 7,2 M$ à la fin de l’année 2020. L’organisme ne bénéficie d’aucune subvention gouvernementale.
Au ralenti
Si la situation financière de l’organisme est maîtrisée, les activités opérationnelles sont loin d’être au beau fixe pour le moment.
« Ça tourne au super ralenti », avoue celui qui est à la tête de Mira depuis six ans. Depuis la reprise de ses activités en mai, l’organisation à but non lucratif fonctionne à moins de 50 % de sa capacité. À peine 10 chiens par mois sont remis aux bénéficiaires, contrairement à près de 25 avant la crise, et ce, uniquement auprès des jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
En raison des mesures de distanciation sociale, Mira a été contrainte de mettre en pause le programme de dons de chiens-guides pour les personnes aveugles et atteintes de déficiences visuelles. « Nos bénéficiaires de chiens-guides doivent normalement venir vivre un mois à la Fondation. Comme il s’agit d’un groupe de personnes non voyantes, il aurait été impensable de parvenir à faire respecter la distanciation sociale. La salle de bain et la cuisine sont des aires communes. Nous aurions dû les transporter en ville à bord d’une fourgonnette, etc. Ça n’aurait juste pas fonctionné », exprime avec regret le directeur général.
Les dons de chiens-guides devraient reprendre à l’été 2021, espère-t-il. « La situation n’est pas évidente, mais notre priorité demeure de donner des chiens. Chez Mira, c’est notre mission fondamentale et, dès que les mesures de distanciation seront levées, je vais ouvrir les valves pour recommencer à aider tous nos bénéficiaires », assure M. St-Pierre.
Le directeur général a également été obligé de remercier la moitié de son personnel au printemps dernier. « La réalité, c’est que je suis dépendant de la générosité des gens. J’ai fait ce qu’il fallait afin de sécuriser les opérations de la Fondation », fait valoir le fils du fondateur de Mira, Éric St-Pierre.
Toutous en demande
La pandémie n’aura pas entraîné que du négatif dans son sillage. Chez Mira, elle laisse derrière elle une explosion des demandes pour devenir famille d’accueil d’un chiot.
« Nous sommes littéralement enterrés sous la demande! À un tel point que nous avons dû fermer temporairement nos listes d’attente. Nous ne savons pas quand le service sera à nouveau disponible », explique Nicolas St-Pierre.
Selon lui, la nouvelle réalité du télétravail permet aux familles d’être davantage présentes à la maison, ce qui contribue à l’augmentation marquée de l’intérêt envers les chiots Mira. Il croit d’ailleurs que le phénomène ira en s’accentuant.
M. St-Pierre remarque également certains changements dans les comportements des familles d’accueil envers leur bête. « Les chiens sont meilleurs en laisse, car depuis le confinement, les familles d’accueil prennent beaucoup plus de marches. »
Des différences s’observent aussi du côté de la population en général. « Les gens ont tendance à rester plus loin des chiens lorsque ceux-ci sont au travail », note-t-il.