Les dirigeants avaient d’abord exposé aux membres les raisons pour lesquelles ils suggéraient de joindre les rangs de Saint-Hyacinthe, une caisse beaucoup plus grande que la leur. Le président Luc Gravel a avancé que l’avenir de la caisse et de ses points de service était fragilisé par plusieurs facteurs, à savoir des taux d’intérêts bas, des transactions au comptoir de plus en plus rares, un bassin d’employés réduit et la concurrence des banques. Si Desjardins pouvait auparavant conserver une certaine chasse gardée dans les régions où les banques n’ont pas pignon sur rue, la concurrence virtuelle est maintenant devenue la règle.
Il s’agit en outre d’un bon moment pour se joindre à une grande caisse, a argué Luc Gravel, puisque celle de la Vallée des Patriotes est encore en « bonne santé financière », mais il ne lui prédit pas pour autant « un avenir rose ».
Ces dernières années, la Caisse avait même réduit son nombre d’employés et ses heures d’ouverture au comptoir pour rester rentable. Deux employés de Saint-Hyacinthe ont d’ailleurs déjà été appelés en renfort en plus d’une directrice « partagée » entre les deux entités.
Un peu plus gros, un peu plus loin
Luc Gravel a aussi indiqué que la fusion permettrait d’économiser 693 000 $ par année en supprimant les doublons. « Il faut regrouper nos forces », a-t-il insisté en précisant que l’union vers Saint-Hyacinthe était naturelle puisque quatre des cinq municipalités du territoire de la caisse sont situées dans la MRC des Maskoutains. « Plus c’est gros, plus les dirigeants sont loin et plus les décisions sont prises sans consultation », a toutefois rétorqué un membre.
Ceux qui avaient déjà vécu la fusion à l’origine de la Caisse de la Vallée des Patriotes en 2010 trouvaient que ce nouveau regroupement était précipité. « D’abord Saint-Denis, après Saint-Hyacinthe… ça va finir où? Avec une seule caisse à Québec », a ironisé l’un d’eux. « On souhaite que ça arrête à Saint-Hyacinthe, mais on ne connaît pas l’avenir », a dû avouer la directrice générale Geneviève Roy.
D’autres ont exprimé leur crainte de voir des points de service disparaître à la suite du regroupement. La directrice générale a répondu que leur survie ne serait pas plus assurée par le statu quo, étant donné que les points de service sont réévalués annuellement en fonction de leur utilisation par les membres. La Caisse ne peut donc donner « aucune garantie » sur l’avenir de ses points de service. « Regroupement ou non, on devra s’adapter au comportement des membres », a-t-elle expliqué.
Peu rassurés, plusieurs participants à l’assemblée étaient quand même convaincus que les services allaient pâtir de la fusion, notamment en se basant sur « la réputation » de la caisse de Saint-Hyacinthe, qui a fermé des points de service après un précédent regroupement.
Volte-face tardive
Le président Luc Gravel a curieusement sorti de son chapeau un argument de dernière minute vers la fin de l’assemblée. Contrairement à ce que les dirigeants avaient laissé entendre quelques minutes plus tôt, l’entente de fusion avec Saint-Hyacinthe garantirait finalement la survie des points de service pendant un minimum de deux ans.
Peu après, les membres se prononçaient par vote secret en faveur du regroupement. Le même soir, l’option récoltait un très large appui à Saint-Hyacinthe. Son directeur général, Serge Bossé, s’est dit confiant que « l’envergure de la nouvelle organisation » lui permettra de se « renforcer et d’améliorer la performance ». Il a aussi confirmé l’engagement de ne pas fermer de succursales pendant deux ans. « De toute manière, ce serait précipité. Il faut d’abord prendre le temps de les intégrer et de bien connaître la région. On verra ensuite comment on va les outiller pour continuer d’offrir les services, mais peut-être différemment », a-t-il évoqué.
La nouvelle Caisse de la région de Saint-Hyacinthe verra le jour dès le 1er janvier 2017. Elle regroupera les municipalités de Saint-Hyacinthe, Saint-Bernard-de-Michaudville,Sainte-Madeleine, Saint-Jude, La Pré-sentation et Saint-Denis-sur-Richelieu. Elle comptera alors plus de 55 000 membres et disposera d’un actif de 2,1 G$ et d’un volume d’affaires de 4,6 G$.