23 octobre 2014 - 00:00
La Grande Guerre (3)
Par: Le Courrier
Carte postale illustrant bien la citation de Lloyd George.  Photo Centre d’histoire, CH324

Carte postale illustrant bien la citation de Lloyd George. Photo Centre d’histoire, CH324

Carte postale illustrant bien la citation de Lloyd George.  Photo Centre d’histoire, CH324

Carte postale illustrant bien la citation de Lloyd George. Photo Centre d’histoire, CH324


Formation du Corps canadien

Entre temps, au Canada, l’enthousiasme ne tombait pas, même si la liste des pertes s’allongeait. Un second contingent s’embarqua pour l’Angleterre au printemps 1915 et donna naissance à la 2e division canadienne. Après avoir passé un certain temps à s’entraîner en Angleterre, il passa en septembre en France pour y rejoindre la Ve division. À la demande des autorités canadiennes qui s’étaient toujours opposées à tout fractionnement des troupes dépêchées, on forma avec les deux divisions le Corps canadien.

La bataille de la Somme

À la fin de l’été de 1916, les troupes quittent le plat pays boueux des Flandres, où ils ont combattu depuis leur arrivée sur le continent, dans les premiers mois de 1915, pour se rendre dans la région onduleuse de la Somme. Là, pendant deux mois, a fait rage la grande offensive alliée connue sous le nom de bataille de la Somme, mais que les Allemands appellent, avec plus de justesse, der Blutbad – le bain de sang. C’est la guerre d’usure futile, décevante et coûteuse dont on se souvient toujours lorsqu’il est question de 1914-1918. Treize jours d’attaques et de contre-attaques confuses pour la possession de six cratères de mines coûtèrent 1 373 pertes aux Canadiens qui portaient pour la première fois le nouveau casque d’acier.

Sur la Somme, comme au cours des engagements précédents, l’histoire du combat en est une d’actes individuels héroïques, d’épuisement physique, de confusion d’esprit et d’horribles conditions de vie dans la boue. Mais c’est également celle de la détermination, car c’est sur la Somme, en particulier à Courcelette, que les Canadiens confirment leur réputation de dures troupes de choc. L’allant et le cran ne sont pas leurs seuls attributs : la résolution et la fermeté dans les pires conditions de combat sont les qualités qui caractérisent le corps d’armée canadien. Lloyd George écrit : « Les Canadiens s’y sont tellement distingués que, dès lors, ils ont été appelés à servir de troupes d’assaut; pendant le reste de la guerre, ce sont eux qui dirigent la charge dans chacune des grandes batailles. Chaque fois que les Allemands voyaient le corps d’armée canadien en première ligne, ils se préparaient au pire ». 

La partie du front occupée par le corps d’armée canadien, le 4 septembre, s’étend entre la route de Bapaume et celle de Mouquet, en face du village de Courcelette. La 1re Division doit simplement tenir sa position. Mais la division se heurte presque aussitôt à un dur combat. Le bombardement est ininterrompu, et les troupes sont obligées de repousser sans répit de fortes attaques, tandis que les 2e et 3e Divisions relèvent successivement la 1re. Entre le 4 et le 13 septembre, la 1re Division a perdu 2 600 hommes. Le 15, l’offensive britannique reprend, les troupes du corps d’armée canadien se lancent en avant. Leurs premiers objectifs, une sucrerie des faubourgs de Courcelette et une ferme sur la route de Mouquet, tombent facilement, on décide alors de pousser plus loin et de dépasser Courcelette. Un tel degré d’initiative est exceptionnel pendant cette guerre de batailles rangées : le commandant britannique félicite les Canadiens pour avoir commencé à attaquer « sans avoir de tranchées comme point de départ ». Ceci, poursuit-il, est « sans égal dans la présente campagne ». Le 22e Bataillon du Québec et le 25e de la Nouvelle-Écosse, suivis par le 26e du Nouveau-Brunswick, traversent le village sans rencontrer de résistance. Le 16 septembre, ils ont fait plus de 1 000 prisonniers tout en repoussant de nombreuses contre-attaques. Nulle part ailleurs, les résultats ne sont aussi spectaculaires ou aussi satisfaisants. L’ennemi pour sa part, après s’être renforcé dans le secteur, parvient à briser l’élan canadien.

À la mi-octobre, les trois divisions canadiennes sont envoyées dans la région d’Artois, un secteur calme. Le corps d’armée canadien a besoin de repos et de réorganisation. Des raids de tranchées ont lieu pendant les mois d’hiver, mais les divisions ne combattent pas d’une manière intensive avant le printemps.

Pendant ce temps, la 4e Division canadienne, récemment organisée, se débat dans la boue jusqu’aux genoux, au nord de Courcelette. Le 25 octobre, puis le 18 novembre, les bataillons canadiens attaquent les ouvrages de défense allemands, mais ils ne gagnent que de l’expérience, et bien peu de terrain. Les divisions canadiennes avaient essuyé 24 029 pertes dans la Somme, mais elles avaient justifié leur réputation de troupes de choc.

À la fin de novembre, les troupes, dégoûtées de ce terrain immonde et gorgé de sang, sont heureuses d’apprendre qu’elles vont rejoindre les autres formations du corps d’armée canadien pour participer, avec elles, aux préparatifs longs et méthodiques de l’attaque de la crête de Vimy qui aura lieu au printemps de 1917.

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