J’ai toujours aimé l’odeur des bibliothèques. Particulièrement celle de la bonne vieille T.-A.-St-Germain où le délicat parfum des livres que j’y ouvrais fait partie de mes plus beaux souvenirs d’enfance.
La neuroscience a découvert que la dégradation de la lignine et de la cellulose, deux produits utilisés dans la fabrication des livres, émet des odeurs semblables au café et au chocolat.
Ça expliquerait pourquoi j’aime autant les bibliothèques, mais pas complètement. L’édifice nommé en l’honneur de Théophile-Alexis St-Germain était aussi pour moi du bonheur en brique où Tremblay, Molière, Shakespeare, Camus, Verlaine, Rimbaud, Socrate et Platon se disputaient mon temps d’attention avec Hergé, Uderzo et Goscinny, Morris, Franquin et parfois même Manara quand je me faufilais dans la section adultes.
L’odeur, mais aussi le calme, le sentiment de sécurité et ces fauteuils si confortables que je pouvais y passer des heures couché sur le dos à lire jusqu’à ce que la nuit tombe et qu’il soit l’heure de rentrer, me coucher et m’endormir en rêvant au moment où je pourrais revoir mes précieux livres.
C’est grâce à eux, et dans le confort de leurs marges, que j’ai vécu des aventures fantastiques, trouvé les mots pour dire mes joies, mes peines et embrasser des rimes magnifiques. T.-A.-St-Germain a été le safe space de mon adolescence tout en m’ouvrant au monde et aux autres. Je souhaite que la nouvelle bibliothèque soit cette même oasis pour des millions de jeunes et moins jeunes et demeure un lieu de partage de connaissance, d’acquisition de savoir et de joie de lire.
Ce vendredi, la nouvelle bibliothèque sera ouverte à toute la population et je vous invite à découvrir ou redécouvrir ce magnifique endroit où règne déjà une douce odeur de café et de chocolat.