Je suis camionneur depuis 1974. J’ai choisi ce métier, j’ai toujours aimé ce métier, j’ai toujours vu comme un privilège le fait de ne pas gagner ma vie cloîtré entre quatre murs. J’ai toujours aimé la sensation de conduire un véhicule lourd, mais j’ai également toujours cru que ce privilège était accompagné de responsabilités aussi lourdes que le poids du véhicule que l’on conduit. Le respect est probablement la première responsabilité qui devrait incomber aux camionneurs.

Le respect, c’est de ne pas jouer au matamore en utilisant la grosseur de notre véhicule pour intimider les autres usagers de la route et aller jusqu’à empoisonner « chez eux » la vie déjà lourdement affectée de certains de nos concitoyens. Que dire du respect de l’environnement? Tous ces gros moteurs qui consomment quatre litres par heure chacun tournent de façon non seulement inutile, mais aussi tout à fait nuisible.

Dans l’histoire, il y a eu plusieurs pandémies à des époques où les mesures sanitaires étaient inexistantes. Il y a cent ans, la grippe espagnole faisait environ 100 millions de morts. Que serait-il arrivé aujourd’hui si aucune mesure sanitaire n’avait été prise?

Je ne suis pas toujours d’accord avec les décisions du gouvernement, mais pour rien au monde je n’aurais voulu être celui qui avait à prendre ces décisions. Imaginez si, à cause de l’absence de mesures sanitaires et de vaccins, on avait assisté à une hécatombe comparable à celles vécues dans l’histoire, nos dirigeants auraient certainement été lynchés sur la place publique.

Non, je ne suis pas toujours d’accord avec nos dirigeants, mais je considère tout de même qu’ils méritent notre respect.

À mes confrères camionneurs : ressaisissez-vous, ayez une pensée pour les travailleurs de la santé et les autres personnes qui, comme vous, souffrent de la situation présente, mais posent les bons gestes pour nous permettre de nous en sortir tous ensemble.

Yvan Bergeron, Saint-Hyacinthe