Le 31, c’est la date que Patrick Dillaire, l’un des propriétaires du centre de tri, a donnée au maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre, dans l’espoir de faire taire ses détracteurs. Il faut dire qu’ils sont déjà quelques-uns dans le voisinage à s’être plaints à la Municipalité des pratiques de l’entreprise qui a le vent dans les voiles.
C’est d’ailleurs la grogne citoyenne qui a mis LE COURRIER sur la piste et servi de fondement au reportage que nous avons publié à la une de notre édition du 17 octobre, avec de spectaculaires photos de tas de débris à l’appui. Le journaliste Benoit Lapierre est ensuite allé à la rencontre du maire et du promoteur. Le premier a accusé avec fermeté; le second s’est habillement défendu.
Selon les explications de M. Dillaire, DDI est à la fois victime de son succès et de la lenteur du ministère de l’Environnement. Il affirme que l’accumulation de résidus de bois va fondre comme neige au soleil dès qu’il recevra le feu vert de l’Environnement pour utiliser sa déchiqueteuse de bois. Il dit attendre le go depuis huit mois, avec les résultats que l’on connaît sur le terrain. L’explication semble plausible, vu la lenteur habituelle du Ministère. Parlez-en à la Ville de Saint-Hyacinthe, elle qui a dû attendre pendant plusieurs mois le certificat d’autorisation de son usine de biométhanisation.
Sauf que le ministère de l’Environnement a été beaucoup plus rapide à assurer la surveillance du centre de tri. Et c’est tant mieux. En octobre 2018, une première inspection de conformité révélait déjà des manquements concernant l’entreposage extérieur en grande quantité de débris de démolition non triés.
Un premier avis de non-conformité a suivi en novembre. Deuxième inspection en avril 2019 et même résultat. Un second avis de non-conformité a été expédié en mai vu la présence de « plusieurs milliers de tonnes de matières résiduelles » entreposées à l’extérieur. Tant et si bien que le Ministère dit suivre le dossier de près et n’écarte aucun recours pour faire cesser ces activités qu’il qualifie lui-même d’illégales. De possibles poursuites pénales sont envisagées, affirme le Ministère.
Ce n’est pas de la bonne publicité pour DDI et ce n’est pas non plus le comportement attendu d’une entreprise responsable œuvrant dans le domaine environnemental. DDI avait demandé un droit de réplique à la suite de notre reportage, avant d’annuler l’entrevue. Le promoteur et ses associés ont sans doute mieux à faire sur leur terrain que d’accorder des entrevues. Mais un redressement s’impose et vite. Le centre de tri DDI peut et doit faire mieux. Un centre de tri, c’est fait pour trier. Tout ce qui entre doit en principe ressortir. Pas s’empiler.