Presque tous perçoivent favorablement ce projet, dans la mesure où il ne risque pas de miner l’indépendance du conseil. L’une des tables réunira des gens d’affaires d’expérience et constituera le « comité des sages », comme l’a expliqué le maire Corbeil, tandis que l’autre sera constituée de jeunes entrepreneurs perçus comme des leaders en puissance dans leur milieu.
« On s’entend bien, ces comités seront là à titre consultatif. J’ai exprimé le souhait que ça ne devienne pas des gouvernements parallèles. Il faut que les « agendas » soient précis : leur priorité sera l’économie et c’est logique par rapport aux objectifs que s’est donnés le conseil. C’est un bon moyen de sonder la population et surtout, les gens d’affaires », a commenté le conseiller Donald Côté.
Sa collègue Nicole Dion-Audette considère elle aussi que les comités du maire permettront d’élargir l’éventail des opinions recueillies dans la population. « Ça peut nous servir d’échantillonnage, mais il reste que le conseil est souverain, ce sera toujours à nous de décider. Ça ne m’empêchera jamais d’avoir mes propres idées, mais ça peut nous apporter un éclairage plus grand », croit-elle.
Johanne Delage, quant à elle, accueille l’initiative du maire avec enthousiasme. « Je trouve ça excellent, je suis vendue à ça : je suis déjà une fille de consultation. La table des jeunes sera formée d’entrepreneurs âgés entre 25 et 40 qui ont des choses à dire, et c’est très bien de les consulter. Tout est dans la manière de faire les choses : il est très important qu’on soit mis au fait de tout. »
Bernard Barré, dont les relations avec le maire Corbeil semblent s’améliorer, salue lui aussi son initiative. « Les consultations, j’ai toujours été pour ça, j’ai moi-même un comité dans mon quartier qui fonctionne depuis 27 ans. Quand on sait ce que le monde veut, il y a moins de gens prêts à te rentrer dans le mur. Le maire est notre porte-parole, c’est lui qui nous est arrivé avec ça et on va l’appuyer là-dessus, je n’ai aucun problème avec ça. L’important, c’est qu’il revienne nous en parler. »
De son côté, David Bousquet a teinté ses commentaires d’une certaine réserve. « Moi, je le vois comme un projet du maire, ça lui appartient, mais au bout du compte, c’est toujours le conseil qui décide. Comme élu, il peut consulter la population, et son projet est une façon d’impliquer une catégorie de personnes dans la gouvernance de la Ville. Se rapprocher de la dimension économique, c’est intéressant, mais on pourrait le faire aussi avec le secteur communautaire », croit-il.
Alain Leclerc ne s’est pas exprimé sur le sujet avec la même retenue. « C’est un très beau projet, le maire veut prendre le pouls d’une certaine catégorie de gens dans la population et il fait preuve d’une belle ouverture d’esprit. Je suis sûr qu’il ira chercher des personnes de qualité. On va le laisser aller avec ce projet qui va sûrement nous apporter de bonnes idées au fil du temps. »
Pour Brigitte Sansoucy, il s’agit d’un exercice de participation citoyenne qui ne peut être que constructif, au même titre que les travaux du comité consultatif en environnement qu’elle préside. « Je suis une personne foncièrement optimiste et, d’entrée de jeu, je vois les choses d’un bon oeil. Plus il y aura de gens qui pourront s’exprimer, plus le conseil sera éclairé. Mais il ne s’agira pas de comités secrets, et c’est toujours le conseil qui décide. »
Pour sa part, le conseiller de Saint-Thomas-d’Aquin, Jacques Denis, aurait souhaité que les tables économiques soient composées de personnes représentatives des divers quartiers de Saint-Hyacinthe. « Mais le maire n’a pas donné suite à ça, il veut obtenir une vision de l’ensemble de la ville », a-t-il confié au COURRIER, se disant tout de même d’accord avec la démarche de Claude Corbeil.
André Beauregard n’y voit rien d’inquiétant non plus. « Il veut aller chercher des opinions à l’extérieur et ce n’est pas nécessairement mauvais, ça peut juste être bénéfique. C’est sûr qu’il devra nous revenir avec ça, mais de toute façon, le maire ne peut rien décider seul. »
Sylvain Savoie abonde dans le même sens, et tient lui aussi à ce que le conseil soit tenu au courant du résultat des discussions aux deux tables. « C’est une bonne idée d’obtenir le point de vue des gens d’affaires. De prime abord, je pense que tout le monde est d’accord avec ce processus de consultation », a-t-il lancé.
Seule Sylvie Adam a laissé transparaître un réel malaise face au projet du maire Corbeil. Lorsque LE COURRIER lui a demandé ce qu’elle en pensait, elle n’a répondu qu’après un long silence. « C’est une idée du maire, je ne m’étendrai pas là-dessus. On va voir ce que ça va donner. Peut-être que ce sera positif », a-t-elle finalement laissé tomber.
Quand on sait ce que le monde veut, il y a moins de gens prêts à te rentrer dans le mur.
– Bernard Barré