6 avril 2023 - 07:00
Le chauffard ivre demeure détenu
La mère de Mathis extrêmement soulagée
Par: Adaée Beaulieu
Mathieu Veillette, accusé d’avoir causé l’accident mortel ayant coûté la vie à Mathis Filion le 11 mars à Sainte-Hélène-de-Bagot, restera détenu en attendant son procès. Photothèque | Le Courrier ©

Mathieu Veillette, accusé d’avoir causé l’accident mortel ayant coûté la vie à Mathis Filion le 11 mars à Sainte-Hélène-de-Bagot, restera détenu en attendant son procès. Photothèque | Le Courrier ©

C’est un énorme soupir de soulagement que la mère de Mathis Filion, Catherine Corriveau, a laissé échapper, le 29 mars, au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Mathieu Veillette, le chauffard ivre qui a causé la mort de son fils le 11 mars en circulant à contresens sur l’autoroute 20 à Sainte-Hélène-de-Bagot, demeure détenu jusqu’à son procès.

C’est une force et un courage incroyables que dégageait Mme Corriveau lors de son entrevue avec LE COURRIER au lendemain des procédures sur la remise en liberté de l’accusé. C’est d’ailleurs cette attitude qu’elle a voulu dégager au palais de justice alors qu’elle pouvait mettre pour la première fois un visage sur le responsable de son malheur. « Je l’ai fixé droit dans les yeux tout le long. Il penchait souvent la tête et pleurait. Quand le juge a annoncé qu’il demeurait détenu, il m’a regardé avec un regard poignant empreint de peine », a déclaré Catherine Corriveau.

C’est pour son fils qu’elle est demeurée inébranlable et fière en cour. « Mathis était fort, courageux et fier. Je voulais bien le représenter. C’est ce qu’il aurait voulu », a expliqué Mme Corriveau.

« J’ai mal, mais je n’ai pas d’énergie à dépenser à le haïr. Je ne vais pas me réveiller la nuit pour rager contre lui », a-t-elle ajouté.

Dès les premiers jours suivant le décès de Mathis, sa mère a décidé de faire de la résilience son alliée. « Ç’a été très dur, mais je reste très forte. La vie continue. J’ai le choix entre relever la tête ou me mettre en boule dans son lit à pleurer en regardant des photos. J’ai choisi la première option », a-t-elle lancé avec aplomb.

Après s’être effondrée et avoir crié sa douleur, Catherine Corriveau a décidé de croquer dans la vie. À peine quelques jours après la mort tragique de son fils, elle a rencontré ses amis pour les serrer dans ses bras et revisiter quelques souvenirs.

L’après-midi avant sa mort, Mathis avait fait une belle marche avec sa mère et lui avait raconté qu’il rencontrerait la famille de sa blonde, aussi blessée lors de l’accident, le soir même. Il n’était pas du tout stressé. Toutefois, c’est ensuite que le drame s’est joué. « À partir de l’heure de l’accident, je n’arrivais plus à dormir. Je ne comprenais pas pourquoi il n’était pas rentré », a raconté Mme Corriveau.

Après avoir grappillé tout le positif qu’elle pouvait auprès des proches de Mathis, Catherine Corriveau a trouvé l’énergie de s’envoler pour l’Algérie, un voyage très dépaysant qu’elle avait prévu depuis longtemps. « J’ai hésité à partir, mais je me suis dit que ça ne serait pas plus positif si je restais. J’avais besoin de décrocher de ce cauchemar. Je suis partie comme un zombie et je suis revenue pleine de force », a-t-elle confié, en se disant persuadée que son choix était le bon.

Dès le lundi suivant son retour, le 27 mars, elle a décidé de retourner travailler, car elle avait besoin de continuer de vivre sa vie comme avant.

Son jeune fils de 11 ans, Nico, qui a assisté à l’annonce du décès par les policiers, fait aussi preuve d’une grande résilience. Il est tout de suite retourné à l’école où il est suivi par une psychoéducatrice.

Une question d’éducation

Pour la mère du jeune homme de 18 ans, il est clair que l’éducation et la sensibilisation sont la clé pour éviter d’autres drames de ce genre, bien qu’elle ne nie pas qu’il y en aura d’autres. « Les parents de celui qui a causé l’accident ont échoué leur mission. Son père a même confié en cour que, lorsque son fils avait perdu son permis pour conduite avec facultés affaiblies à 18 ans, il n’a rien fait. Toutefois, maintenant qu’il est en prison, sa famille est prête à lui payer une thérapie. Mais je ne crois pas que, s’il avait été libéré, il aurait respecté ses conditions. D’ailleurs, son plan de sortie n’était pas assez clair et c’est pourquoi le juge n’a pas été convaincu », a relaté Catherine Corriveau.

Mme Corriveau milite aussi pour que les établissements soient limités dans la vente d’alcool à une même personne dans un certain délai et pour la tolérance zéro en matière d’alcool au volant.

« Il faut que le cas de Mathis serve d’exemple et qu’il mène à des lois plus strictes », a-t-elle conclu.

Mathieu Veillette sera de retour en cour le 1er mai.

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