L’idée d’un changement de MRC remonte à 2021 alors que Saint-Pie cherchait à agrandir son parc industriel dans l’espoir d’attirer l’usine d’abattage d’Exceldor, à la recherche d’un nouveau site pour remplacer ses installations de Saint-Damase. Malgré les efforts de la Municipalité, c’est finalement Saint-Hyacinthe qui a été retenue par l’entreprise.
« À Saint-Pie, nous voulions développer un terrain zoné blanc. Saint-Hyacinthe s’y opposait, préférant accueillir elle-même l’usine. Et dans la MRC des Maskoutains, Saint-Hyacinthe a une influence majeure, à la fois comme chef-lieu et comme plus grande municipalité. On a été déçus de la façon dont le dossier a été traité », affirme le maire St-Pierre.
Selon lui, le projet d’agrandissement du parc industriel de Saint-Pie n’a pas progressé suffisamment rapidement en raison d’un manque d’appui de la MRC. Il estime que Saint-Hyacinthe a été favorisée au détriment de Saint-Pie dans le dossier Exceldor.
« On croyait qu’on aurait eu plus de poids au sein de la MRC de Rouville, ce qui aurait pu faciliter l’implantation de projets industriels. C’est certain que la réponse négative nous déçoit, mais la MRC ne veut pas de nous. On ne forcera pas un mariage », a déclaré le maire, en poste depuis 2013.
Du côté de la MRC des Maskoutains, la nouvelle a été bien accueillie. Le préfet Simon Giard s’est réjoui du maintien de Saint-Pie au sein de la MRC, tout en réaffirmant l’importance de l’unité régionale.
« Il va sans dire que nous nous réjouissons de cette issue. Nous sommes heureux que les citoyens de Saint-Pie restent au sein de notre MRC. Il s’agit d’une municipalité clé, dotée d’un fort potentiel de développement », a déclaré M. Giard.
Située au sud de la MRC des Maskoutains, la MRC de Rouville regroupe les municipalités d’Ange-Gardien, Marieville, Richelieu, Rougemont, Saint-Césaire, Saint-Mathias-sur-Richelieu, Saint-Paul-d’Abbotsford et Sainte-Angèle-de-Monnoir. Au plus récent recensement, la MRC comprenait un peu moins de 38 000 habitants.
Son préfet et maire de Sainte-Angèle-de-Monnoir, Denis Paquin, reconnaît que l’idée présentait tout de même certains avantages. « Il y avait manifestement de l’insatisfaction de leur côté, notamment en lien avec le développement industriel. Ils estimaient que leur vision était plus alignée avec celle de notre MRC. Et c’est vrai que Saint-Pie a un profil intéressant. Mais il n’y avait pas de consensus parmi les maires [de notre MRC] », explique M. Paquin.
Craintes d’un déséquilibre régional
Le préfet Paquin souligne que si l’arrivée de Saint-Pie aurait permis d’agrandir le territoire de la MRC et de partager certaines charges fiscales, elle aurait également pu créer des tensions internes.
« L’intégration de Saint-Pie aurait pu déplacer certains projets de développement vers cette nouvelle municipalité, au détriment des autres. Cela aurait pu nuire à l’équilibre démographique et au partage équitable des retombées économiques entre les membres », ajoute-t-il.
Avec près de 6000 habitants, Saint-Pie aurait représenté un poids comparable à celui de Richelieu (5742 habitants) et Saint-Césaire (5972 habitants), les deux principales municipalités de la MRC de Rouville après Marieville (11 332 habitants). Une arrivée qui aurait nécessairement influé sur les dynamiques décisionnelles.
Dans l’éventualité où la MRC de Rouville avait manifesté un intérêt formel, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation aurait été appelé à se pencher sur le dossier. Mais la réponse défavorable a entraîné l’abandon du projet, qui tombe ainsi à l’eau.