Dans sa mire, les compagnies d’assurances qui briment les efforts de mise en valeur et de sauvegarde du patrimoine bâti par des primes hors de prix ou en refusant carrément d’assurer des biens patrimoniaux, au grand dam des propriétaires.
La situation est à ce point critique, l’heure tellement grave, que notre MRC a senti le besoin d’initier le mouvement et de mener l’offensive. Comment? Par une résolution du conseil des maires à l’intention du ministère de la Culture et des Communications du Québec. Cette résolution ne demande qu’à faire boule de neige. Déjà d’autres MRC et des municipalités confrontées à cette réalité l’ont appuyée. À défaut de prendre le bâton du pèlerin, le conseiller en aménagement du territoire et en patrimoine de la MRC des Maskoutains, l’urbaniste Robert Maynard, a même sorti la plume et écrit directement au ministre responsable Mathieu Lacombe.
Même si la problématique liée à la difficulté d’assurer des bâtiments avec des statuts légaux de protection (classés ou cités) est connue depuis plusieurs années, dit-il, plusieurs assureurs refusent ouvertement et systématiquement d’assurer de tels biens, et d’autres de façon plus insidieuse découragent simplement les propriétaires avec des primes irréalistes. « Depuis peu, l’on constate cependant une généralisation excessivement pernicieuse de cette pratique, non plus ciblée uniquement aux bâtiments avec des statuts légaux de protection, mais à tous les bâtiments que les assureurs considèrent comme patrimoniaux, dans une interprétation élargie à l’excès. »
La MRC mentionne que plusieurs citoyens l’ont contactée pour signaler que leurs assureurs avaient récemment refusé d’assurer leur maison simplement parce qu’elle a plus de 100 ans, sans aucune analyse plus approfondie. Et des maisons centenaires ou sur le point de le devenir, il y en a justement une bonne trâlée dans la vaste contrée maskoutaine.
Contacté par notre journaliste, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) a défendu les pratiques des assureurs en cherchant à ramener la problématique soulevée par la MRC à de simples cas isolés. Permettez-moi d’en douter et de me ranger dans le camp des propriétaires de maisons patrimoniales. La position défendue par la MRC semble assez conforme à la réalité sur le terrain. Elle explique d’ailleurs en partie pourquoi la Ville de Beloeil a frappé un mur récemment en voulant citer et protéger une cinquantaine de bâtiments patrimoniaux. À peine une douzaine de propriétaires ont finalement consenti à cette classification qui génère bien plus d’inconvénients que d’avantages.
Au cabinet du ministre de la Culture et des Communications, la réaction à l’initiative de la MRC des Maskoutains a été plus diplomate qu’au BAC. Le ministre a partagé ses préoccupations. Il compte se mettre en mode solutions. On sent que la voie de la concertation sera privilégiée, ce qui limite drôlement les attentes.
Du côté des assureurs de dommages et de quelques intervenants, on se demande bien quelle mouche a piqué la MRC des Maskoutains et de quoi elle se mêle en montant ainsi sur ses grands chevaux.
Ce n’est pourtant pas d’hier que notre MRC se préoccupe de patrimoine et qu’elle mène diverses initiatives en ce sens. L’adoption de sa politique du patrimoine remonte déjà à 2007, même si, jusqu’ici, celle-ci épousait davantage l’orientation de mise en valeur et de préservation que celle de la revendication, des pressions politiques et de la confrontation sur le champ de bataille.
Je souhaite personnellement qu’elle conserve cette bonne habitude et qu’elle montre des dents plus souvent, surtout dans des dossiers locaux et régionaux où les petites batailles patrimoniales ne sont certainement pas dénuées d’intérêt.
Mais il est certes moins délicat de s’attaquer aux assureurs que de se mêler d’un dossier controversé dans l’une des 17 municipalités membres de la MRC où des dossiers sensibles en matière de patrimoine ont pourtant déjà fait la manchette ces dernières années (allô ET Corset).
Malbrough s’en va-t-en-guerre, ne sait quand reviendra.