Le film se penche sur Simone Beaulieu (Céline Bonnier), devenue Mère Augustine, qui dirige un petit couvent situé à Saint-Ours, sur le bord du Richelieu. Malgré sa petite taille, l’école est un joyau musical, mais son avenir ainsi que celui des Soeurs qui y enseignent est menacé par l’ère contemporaine.
Entre-temps, Mère Augustine se voit confier la garde de sa nièce Alice (Lysandre Ménard), une pianiste prodige et quelque peu rebelle qui replonge sa tutrice dans un passé qu’elle avait cru mettre de côté.
Entre fiction et réalité
À cette même époque, Soeur Pauline Vertefeuille faisait ses classes à titre d’enseignante à Sorel. Au cours de sa vie, elle a enseigné au primaire pendant 10 ans et a été responsable de pensionnaires pendant huit ans à l’école secondaire Saint-Joseph. Elle a connu le passage à l’éducation laïque au Québec.
À savoir si le film reflète la réalité de cette époque, la religieuse prend soin d’apporter quelques nuances.
« C’est assez conforme à l’histoire, dit Soeur Pauline. Mais je trouve que l’on a un peu stigmatisé les rôles d’autorité. C’est beaucoup axé sur la discipline. Et c’était d’époque, il faut le dire. Mais il y a un danger à juger d’une autre époque avec les yeux d’aujourd’hui. L’évolution telle qu’elle est présentée dans le film est drastique. Selon mon expérience, l’évolution s’est faite de façon plus graduelle. C’est ce qui a permis à toutes les soeurs d’emboiter le pas. »
Une suite d’évolution
Avec La Passion d’Augustine, Léa Pool ne tombe pas dans la nostalgie ni le dénigrement. Elle propose plutôt un regard différent sur une période qui a eu ses forces et ses faiblesses, comme l’exprime Soeur Pauline.
Elle ne remet pas non plus en question la légitimité de la Révolution tranquille au Québec. Au contraire, l’évolution est un thème récurrent du long métrage. Que ce soit à travers la société, l’éducation, la musique ou au coeur même de la vie des personnages qui sont d’ailleurs l’un des points forts du film.
Force et résilience
De la détermination et l’attachement de Mère Augustine pour la musique au passage à l’âge adulte de sa nièce et la capacité d’adaptation des soeurs, le film met en scène des personnages qui font preuve de force et de résilience. S’il y a parfois de l’humour au passage, c’est aussi grâce à eux.
Il faut souligner la solide distribution. À commencer par l’actrice Céline Bonnier à qui la réalisatrice a confié le rôle principal de Mère Augustine. Il s’agit d’une seconde collaboration entre les deux femmes depuis le long métrage Maman est chez le coiffeur, en 2008.
S’ajoutent également les actrices Diane Lavallée, Valérie Blais, Pierrette Robitaille, Marie Tifo, Andrée Lachapelle et Maude Guérin, puis l’acteur Gilbert Sicotte dans le rôle de l’aumônier. Et l’on ne pourrait passer sous silence la première apparition réussie de la jeune pianiste Lysandre Ménard à l’écran.
Une touche historique
Tourné l’hiver dernier à Saint-Ours dans l’ancien couvent des Soeurs de la Présentation de Marie ainsi que dans l’église de la paroisse, le film se campe dans un patrimoine religieux à proximité de la région maskoutaine.
C’est en 1868 que les soeurs de la Présentation de Marie sont arrivées à Saint-Ours. Construit avec la collaboration du curé de l’époque et les Soeurs de la Présentation de Saint-Hyacinthe, le couvent de Saint-Ours fut occupé par les soeurs de 1898 à 1997.
De par son paysage et ses décors pour certains encore authentiques, La Passion d’Augustine offre un retour sur le passé pas si lointain qui devrait plaire à ceux et celles qui gardent des souvenirs de cette époque. Les amateurs d’histoire et de musique passeront un bon moment.