Une quarantaine de pompiers de Saint-Hyacinthe sont intervenus jeudi en fin de soirée pour combattre le feu qui aurait pris naissance au premier plancher avant de se propager à l’étage supérieur. Brigitte Massé, directrice des communications à la Ville de Saint-Hyacinthe, précise que d’autres services de sécurité incendie sont venus prêter main-forte pour éviter que le feu se propage aux bâtiments avoisinants et que les flammes ont vite été maîtrisées.
La cause de cet incendie était encore indéterminée en début de semaine et l’enquête avait été transférée à la Sûreté du Québec. Officiellement, l’immeuble était à l’abandon depuis l’incendie du 27 février 2019 qui avait mis à la rue plus d’une soixantaine de résidents, mais il est de notoriété publique que des squatteurs occupaient parfois les lieux même si les issues étaient barricadées, ce qui pouvait poser un enjeu de sécurité. Mme Massé précise tout de même que personne n’a été blessé dans cet incendie.
Démolition tardive
Peu après le grave incendie de février, le propriétaire Patrick Dillaire avait fait connaître ses intentions de démolir les restes du bâtiment avant de reconstruire, mais cela n’avait pas encore été fait. Joint par LE COURRIER, M. Dillaire a révélé qu’il venait à peine d’obtenir son permis de démolition du service d’urbanisme de la Ville de Saint-Hyacinthe, après moult démarches. « J’ai mon permis depuis quelques jours seulement et la démolition était prévue pour lundi [le 2 décembre]. L’incendie ne change pas nos plans et n’accélère en rien le processus. C’est juste plate de voir ça. »
Il mentionne qu’un incendie criminel était même prévisible, malgré toutes les mesures qu’il a pu prendre ces derniers mois pour sécuriser les lieux. « Ça pouvait juste faire du trouble et attirer les squatteurs. Moi, j’étais pourtant prêt à démolir depuis longtemps. Depuis le jour 1 de l’incendie l’hiver dernier, ces immeubles sont condamnés. Les démarches auprès du comité consultatif d’urbanisme (CCU) ont cependant été interminables. Il y a beaucoup de gérants d’estrades qui ont voulu se mêler de mes plans. »
On croit comprendre que la Ville de Saint-Hyacinthe avait fait de l’acceptation des plans de reconstruction une condition à la délivrance du permis de démolition, du moins à un certain moment. Ce qui laisse présager qu’elle jugeait préférable de voir des immeubles en mauvais état derrière le Marché public qu’un grand terrain vague en attente de développement. Après négociations, le promoteur et la Ville se sont finalement entendus sur une nouvelle version du projet estimé à 10 ou 12 M$, selon Patrick Dillaire.
Du côté de la Ville, on affirme que les études structurales ont pris un certain temps et que l’émission du permis de démolition était conditionnelle à certains engagements de la part du propriétaire qui devait fournir des plans jugés satisfaisants. Or, les esquisses qu’il avait proposées ces derniers mois ne convenaient pas au CCU, mais l’arrivée du temps froid a convaincu la Ville d’accélérer le processus et de tout de même donner le feu vert à la démolition du bâtiment, précise le directeur général Louis Bilodeau. « On a convenu que ça ne servait personne de laisser l’immeuble debout avec la venue de l’hiver », a-t-il commenté lundi.
La nouvelle Place Frontenac n’aura plus rien à voir avec la maquette que M. Dillaire nous avait présentée en exclusivité le printemps dernier. Il dévoilera bientôt l’esquisse d’un immeuble de cinq étages comptant pas moins d’une cinquantaine de logements. Des stationnements intérieurs et extérieurs sont aussi prévus, de même que l’aménagement d’un espace vert et de cinq locaux commerciaux au rez-de-chaussée.
Avec la collaboration de Martin Bourassa et de Rémi Léonard.