15 septembre 2016 - 00:00
La politique spectacle
Par: Martin Bourassa

Je m’étais bien juré de ne plus me laisser entraîner dans les délires du conseiller municipal Bernard Barré. Mais lors de la dernière assemblée publique du conseil de ville de Saint-Hyacinthe, il a poussé le bouchon un peu trop loin.


Si bien que je sens le besoin de réagir à certains propos qu’il a tenus au sujet du COURRIER et du traitement que nous lui réservons. Rappelons les faits.

En août, au sortir de la saga des poissons morts, il avait cherché à couper court au débat sur l’impact de la centrale hydroélectrique sur le débit de la Yamaska en décrétant, découpures de presse à l’appui, que LE COURRIER était favorable au barrage depuis la première heure, avant de changer son fusil d’épaule. « Depuis ce temps-là, ce sont des coups de pied dans le c… qu’ils nous donnent! »

Dans la colonne qui lui est réservée, notre chroniqueur Pierre Bornais, qui était rédacteur en chef du COURRIER à l’époque de la construction du barrage, avait répliqué à M. Barré la semaine suivante. Malgré ses recherches et toute la meilleure volonté au monde, il n’avait pas été en mesure de retrouver un éditorial laissant entendre clairement que LE COURRIER avait endossé cette centrale. Au mieux avait-il trouvé un court commentaire du journaliste Vianney Théberge appuyant l’aménagement d’une frayère à proximité du barrage. Piqué dans ce qu’il a en quantité industrielle, l’orgueil, le bouillant conseiller de La Providence est revenu à la charge lors de la séance publique du 6 septembre, la première séance télévisée depuis l’été. Il a le sens du punch et du spectacle, un vrai Eddie Creatchman.

Ressortant d’anciennes découpures du COURRIER, il en a remis une couche, en nous accusant d’avoir des « archives sélectives » et en relisant quelques lignes appuyant la thèse qu’il soutenait, à savoir que LE COURRIER avait déjà émis une opinion favorable du barrage dans sa page éditoriale. Triomphant, il a ajouté qu’il ne perdait plus de temps à écrire au COURRIER de toute façon puisque nous le boycottions.

Sachez d’abord qu’il n’en est rien. Une seule fois, en décembre 2013, nous n’avons pas donné suite à une lettre ouverte qu’il nous avait adressée. Nous l’avions prévenu qu’elle ne serait pas publiée en raison de certains passages diffamatoires. À la séance suivante, il ne s’était pas privé de dénoncer haut et fort notre manque de courage. Bien entendu, il avait lu publiquement sa fameuse lettre, en omettant comme de raison les passages litigieux. Sacré Bernard.

De mémoire de rédacteur en chef, c’est la dernière lettre qu’il nous a écrite. Lui en avons-nous tenu rigueur et fermé nos pages à tout jamais? Absolument pas.

Régulièrement, nous prenons le temps de contacter Bernard Barré pour connaître son opinion sur différents dossiers municipaux. Expérimenté comme pas un, son analyse est toujours livrée sans fla-fla comme il dit. C’est ce que nous apprécions chez lui.

Nous avons aussi été de tous ses combats tant politiques, sportifs que personnels, encore récemment lors du lancement du livre qu’il a coécrit avec sa fille Jani ou en prévision des Jeux olympiques de Rio. Comme boycott, on a déjà vu pire, non?

Concernant le dossier du barrage, il importe peu à mes yeux de savoir qui était pour ou contre il y a 20 ans. L’important, c’est ce qu’on fait au présent, en 2016, avec cette nuisance. Dans 20 ans, il se trouvera peut-être un émule de Bernard Barré pour ressortir un vieil éditorial du COURRIER en faveur du projet de centre de congrès municipal, sans s’attarder aux multiples réserves que nous avions manifestées sur la rentabilité du projet où ses multiples zones grises, vu tout le secret qui entoure les ententes liant la Ville à Beauward et à l’opérateur. Espérons que Bernard Barré et ses collègues ont apporté plus d’attention au contenu de ces ententes qu’à celle liant la Ville à l’exploitant du barrage. 

Enfin, et n’en déplaisse à Bernard Barré, LE COURRIER entend continuer à donner des coups de pied au c… au conseil municipal ou à tout décideur ou organisation publique ou privée lorsque nécessaire. Un bon coup de pied au derrière, ça aide souvent à aller de l’avant. 

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