Cette surprenante nouvelle est tombée le 17 août par le biais d’un simple communiqué : la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) se verra accorder 35,5 M$ pour construire une nouvelle école secondaire de 900 places et 6,18 M$ pour le projet d’agrandissement à l’école de la Rocade, à Saint-Dominique. Avec plus de 41 M$, la CSSH rafle ainsi près du tiers des investissements alloués en Montérégie.
Trois autres projets soumis sont néanmoins écartés, dont celui de nouvelle école primaire. L’agrandissement de l’école primaire à Saint-Pie, présenté comme la grande priorité de la commission scolaire, ne pourra pas non plus être lancé cette année. Idem pour Saint-Simon.
Où et quand?
Pour revenir à l’école secondaire, la CSSH a déjà en main un terrain tout près de l’École professionnelle qui était justement réservé à cette fin. Même si cette parcelle est présentement en culture, elle n’est pas située en zone agricole. La commission scolaire est également propriétaire des lieux, ce qui simplifie considérablement le projet comparativement à celui de la nouvelle école primaire, pour lequel la CSSH devait se faire céder un terrain. Notons que l’espace disponible ne représente pas toute la surface en culture puisque 68 000 pieds carrés adjacents (vers la rue Sacré-Cœur Est) ont été cédés en 2015 à la Corporation du Séminaire de Saint-Hyacinthe en échange des actifs du Collège Antoine-Girouard. L’espace restant est toutefois suffisant pour construire la nouvelle école et le zonage actuel le permet, a assuré le directeur du service des ressources matérielles de la CSSH, Jean-François Soumis.
Il est prévu que l’école accueille environ 900 élèves et qu’un terrain sportif y soit aménagé, non loin de ceux déjà existants de la polyvalente Hyacinthe-Delorme. Le nom et la vocation de cette nouvelle école ne sont pas encore déterminés, a fait savoir la CSSH. Son entrée devrait donner sur l’avenue des Grandes-Orgues. Idéalement, les premiers élèves à entrer dans cette école pourraient le faire à la rentrée 2021 puisque l’ensemble du projet doit s’échelonner sur trois ans.
Alors que la plupart des commissions scolaires attribuent des bassins d’élèves pour leurs écoles secondaires, celle de Saint-Hyacinthe a plutôt choisi de développer une approche par volet, où les jeunes peuvent faire des choix selon leurs intérêts, ce qui va ensuite déterminer leur école, a rappelé Jean-François Soumis.
Cette orientation devrait donc demeurer avec l’arrivée d’une quatrième école secondaire située relativement près des trois autres. La CSSH tient d’ailleurs à ce que la nouvelle école soit présentée aux élèves (sur papier) dès l’an prochain durant les portes ouvertes. Cette année, la CSSH devra donc établir la vocation de la nouvelle école et des consultations publiques devraient se tenir à ce sujet. Suivra la sélection des professionnels pour la conception du futur bâtiment, puis l’élaboration des plans et devis et la construction d’ici 2021. Une portion d’environ 3,7 M$ est prévue par le Ministère afin de mettre en œuvre « des solutions architecturales ou d’ingénierie novatrices » dans ce projet dans le but de soutenir la réussite éducative ou le développement durable.
Quant à l’école de la Rocade, les 6,18 M$ serviront à contribuer au projet conjoint entre la municipalité et la commission scolaire pour ajouter trois classes, un gymnase et une bibliothèque à Saint-Dominique.
On retente sa chance
Pour ce qui est des trois projets de la CSSH qui n’ont pas été sélectionnés, ils seront très bientôt déposés à nouveau auprès du ministère de l’Éducation en espérant une réponse différente l’an prochain. Difficile de déterminer exactement ce qui a départagé les projets retenus cette année de ceux qui n’ont pas eu cette chance. Le Ministère ne fait que transmettre ses réponses à la CSSH, sans lui fournir de justificatifs, a indiqué son président, Richard Flibotte.
Il s’est tout de même réjoui devant l’ampleur du financement octroyé à sa commission scolaire. D’ailleurs, moins de la moitié de tous les projets soumis au Québec cette année ont été acceptés, a rappelé le directeur du service des ressources matérielles, puisque les besoins exprimés par les commissions scolaires dépassent évidemment de loin les enveloppes disponibles.
Invitée à expliquer les choix du gouvernement, l’attachée de presse du ministre de l’Éducation a simplement répondu que les octrois se font « en fonction des besoins établis par la commission scolaire ». La CSSH avait pourtant placé sa demande d’école secondaire en deuxième place, derrière le projet d’agrandissement à Saint-Pie. Le projet du côté de Saint-Dominique était pour sa part en quatrième place. Il est vrai que la nouvelle école primaire fermait la marche en cinquième place. Le ministère de l’Éducation se base notamment sur les prévisions d’effectifs pour évaluer les demandes.
Ça s’annonce serré au primaire
Pour M. Flibotte, il est toutefois évident que les besoins sont criants pour les cinq projets présentés. « Nous avions un réel problème avec nos écoles secondaires. Au primaire, ça s’annonce un peu plus stable. Pour l’instant, c’est encore viable », a-t-il commenté. La « croissance spectaculaire » constatée présentement en 3e année du primaire laisse effectivement présager une hausse logique au secondaire dans quelques années, a aussi ajouté M. Soumis.
Avec 900 places de plus, le problème au secondaire semble maintenant écarté, mais s’il fallait que les écoles primaires ne parviennent plus à loger tous les élèves dans un futur rapproché, la CSSH devra se tourner vers des solutions plus imaginatives. Même s’il serait « prématuré » d’avancer les scénarios envisagés à ce moment, le directeur du service des ressources matérielles a évoqué une possible école mixte (primaire-secondaire). Le président Richard Flibotte a tenu à souligner que les classes modulaires restent une option de « dernier recours » et que des aménagements peuvent être faits dans les écoles pour gagner un peu d’espace, chose qui a toutefois été déjà amplement maximisée à certains endroits, comme à Saint-Pie.
La députée de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée nationale, Chantal Soucy, s’est dite « un peu étonnée » par l’octroi d’une école secondaire, et non primaire, dans sa circonscription. Satisfaite pour les élèves du secondaire, elle dit toutefois comprendre la déception des parents qui attendaient une école primaire, notamment à Saint-Pie. Elle juge que la situation actuelle résulte du « manque de vision » du gouvernement libéral, qui n’a pas fait les « investissements nécessaires » dans les écoles, raison pour laquelle les besoins ne peuvent être comblés adéquatement à l’heure actuelle. « Je trouve que c’est d’une tristesse de devoir mettre les enfants dans des classes modulaires », a-t-elle souligné.
Déjà en mode électoral, elle a promis qu’avec un gouvernement caquiste, Saint-Hyacinthe pourrait compter l’an prochain sur une annonce de nouvelle école primaire. Dans le cadre du projet à Saint-Dominique, elle a fait valoir son travail dans le dossier, disant avoir eu une influence sur son dénouement positif.