26 mai 2016 - 00:00
Dérapage à Ottawa
La réaction de Brigitte Sansoucy fait des vagues
Par: Rémi Léonard
La députée Brigitte Sansoucy s’est retrouvée au centre du « elbowgate ». Photothèque | Le Courrier ©

La députée Brigitte Sansoucy s’est retrouvée au centre du « elbowgate ». Photothèque | Le Courrier ©

La députée Brigitte Sansoucy s’est retrouvée au centre du « elbowgate ». Photothèque | Le Courrier ©

La députée Brigitte Sansoucy s’est retrouvée au centre du « elbowgate ». Photothèque | Le Courrier ©

Une déclaration ambiguë de la députée de Saint-Hyacinthe-Bagot s’est retrouvée au coeur du tourbillon médiatique lié à la bousculade survenue à la Chambre des communes le soir du 18 mai.

Quelques instants après le contact entre Justin Trudeau et Ruth Ellen Brousseau – et la formulation d’excuses par le premier – Brigitte Sansoucy a en effet reçu le droit de parole pour lancer le débat d’ajournement sur l’assurance-emploi.

Encore ébranlée par la bousculade survenue sous ses yeux, elle est brièvement revenue sur le sujet avant d’entrer dans le débat convenu. « Je ne pensais jamais entendre dans cette Chambre, en devenant députée, des excuses que j’entendais chez les maris violents de la maison d’hébergement où j’étais intervenante pour les femmes victimes de violence. On entendait des maris violents nous dire « je n’ai pas fait exprès, je ne voulais pas lui faire mal, je m’excuse ». Il n’y a aucune excuse », a-t-elle témoigné sur le coup de l’émotion.

Une question d’interprétation

Dans un texte de La Presse canadienne publié le lendemain, des intervenants du milieu réagissaient sévèrement à ces propos et à ceux de deux autres députés néodémocrates. Déplorant le parallèle « absurde » et « boiteux » entre le coup de coude du premier ministre et l’enjeu de la violence faite aux femmes, les liens faits par l’opposition ont été qualifiés « d’insultants » pour les victimes et propices à « la banalisation de la violence faite aux femmes ».

Stupéfaite de ce traitement, Brigitte Sansoucy a précisé quelques jours plus tard en entrevue au COURRIER qu’elle n’avait pourtant pas le premier ministre en tête lorsqu’elle a fait référence aux maris violents. « Ce n’était pas une réponse à Justin Trudeau », a-t-elle justifié, disant même avoir accepté volontiers les excuses « tout à fait correctes » qu’il a exprimées juste après l’incident. « Certains collègues anglophones ont même cru que je l’avais traité de batteur de femme, ce qui est totalement faux », a-t-elle clarifié.

Excusez-moi?

Elle voulait plutôt dénoncer les excuses, au sens de défaites, données par d’autres députés pour justifier l’incident. Soulignant cette confusion autour de la signification du terme « excuse », elle avoue tout de même que ses propos auraient pu être plus clairs. « J’ai appris de mes erreurs », a-t-elle admis, reconnaissant que l’utilisation d’analogies en politique peut rapidement devenir hasardeux.

C’est donc aux propos de certains députés libéraux et d’Elizabeth May que Brigitte Sansoucy répondait. Ceux-ci « ont tenté de faire porter le blâme à Ruth Ellen Brosseau » pour ce qui est arrivé, a-t-elle jugé. La députée de Saint-Hyacinthe-Bagot dénonçait ainsi les commentaires qui visaient à « excuser » le geste du premier ministre, alors que lui-même « n’a jamais dit que ce n’était pas grave ». Les commentaires négatifs du public qu’a reçus Ruth Ellen Brosseau à la suite de l’incident sont l’illustration de ce problème, souligne Brigitte Sansoucy. « Ce n’est pas normal que ce soit la victime qu’on pointe davantage du doigt », s’est-elle indignée.

La date butoir du 6 juin

Pour revenir au sujet qui était à l’origine de toute cette affaire, le projet de loi sur l’aide médicale à mourir, Brigitte Sansoucy ne croit pas à l’empressement des libéraux de le faire adopter avant le 6 juin, date butoir fixée par la Cour suprême.

II n’y a en effet pas vraiment d’urgence, prétend-elle, puisque le Québec a déjà une loi qui encadre l’aide médicale à mourir et dans les autres provinces, les ordres professionnels du domaine de la santé ont déjà donné des directives à leurs professionnels pour s’organiser au-delà du 6 juin.

Le gouvernement tente plutôt d’agiter cette date pour « pousser l’adoption d’un projet de loi boiteux et inconstitutionnel », affirme-t-elle. Le point principal de discorde reste celui du critère de « mort naturelle raisonnablement prévisible », a-t-elle confirmé. Elle juge que ce libellé est trop « flou » et qu’il ouvre la porte à la discrimination et à la contestation de la loi devant les tribunaux. « Tant que cet article ne sera pas amendé, je vais voter contre », a laissé tomber la néodémocrate.

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