9 mai 2024 - 03:00
Le seigneur des cendres
La rencontre entre la poésie et l’univers des jeux vidéo
Par: Maxime Prévost Durand
L’auteur Samuel Lapierre. Photo gracieuseté

L’auteur Samuel Lapierre. Photo gracieuseté

La page couverture du recueil Le seigneur des cendres.

La page couverture du recueil Le seigneur des cendres.

La poésie et l’univers des jeux vidéo s’entremêlent dans Le seigneur des cendres, le premier recueil que signe l’auteur Samuel Lapierre, paru ce printemps. Le trentenaire, originaire de Sainte-Hélène-de-Bagot, y conjugue son amour des mots et… sa passion pour le jeu Dark Souls.

Retour en 2017. Samuel Lapierre est nouvellement papa. Pendant les siestes de sa fille, il en profite pour s’évader dans les jeux vidéo. Plus particulièrement en jouant à Dark Souls, un jeu de type roguelike.

« C’est un jeu très sombre où tu apprends par la mort. C’est l’apprentissage par l’échec, raconte-t-il. C’était coutumier dans les jeux plus rétro. C’était la seule porte de sortie. Il fallait recommencer indéfiniment pour réussir à battre [le boss final]. [Avec Dark Souls], ils ont ramené ce concept-là avec un principe d’évolution, où tu augmentes en force à mesure que tu meurs. »

L’auteur, qui mène des projets d’écriture autant sous la forme de nouvelles que de roman et de poésie, mentionne qu’il traversait une panne d’inspiration au moment où il a plongé dans ce jeu vidéo. « Je me suis dit : pourquoi ne pas faire de la poésie sur ce que je vis au travers des jeux vidéo? » laisse-t-il tomber.

L’esprit de persévérance et d’abnégation dont le joueur doit faire preuve dans le jeu pour poursuivre sa quête teinte la trame explorée dans Le seigneur des cendres. À travers ses mots, Samuel Lapierre se glisse dans la peau d’un adolescent « qui joue à ce style de jeu là et qui, par l’échec et la frustration, essaie de comprendre ce qu’il vit et fait le parallèle entre sa propre vie et le jeu ».

Le titre donné au recueil peut d’ailleurs faire écho au fait que le joueur doit constamment renaître de ses cendres pour continuer d’avancer. Une leçon qui peut s’appliquer à plusieurs situations dans la vie de tous les jours.

D’une certaine façon, un parallèle peut être fait avec le parcours d’auteur de Samuel Lapierre puisqu’il a demandé lui aussi une grande dose de persévérance.

Après un passage « infructueux » en études littéraires à l’université, il est devenu technicien en documentation pour travailler dans une bibliothèque – il occupe présentement un poste à la bibliothèque Paul-O.-Trépanier à Granby. Entre-temps, il a commencé à écrire plus sérieusement, dans l’espoir d’un jour être publié par un éditeur. Le fait de tenir aujourd’hui un recueil à son nom entre ses mains est hautement significatif à ses yeux.

« J’ai réussi à être publié dans plusieurs revues littéraires, mais j’avais fait plusieurs recueils avant qui n’avaient jamais passé chez les éditeurs. [Le seigneur des cendres], c’est le deuxième que j’ai écrit – j’en ai cinq à mon actif – et c’est le seul qui a passé. Ça a pris plusieurs tentatives. Il a fallu que je tombe sur Hurlantes éditrices, qui est une toute nouvelle maison d’édition sur le marché et qui propose des choses plus à gauche et très éclatées. »

Conscient que le thème de son recueil est quelque peu niché, Samuel Lapierre est confiant qu’il saura trouver sa clientèle et qu’il amènera peut-être même des « gameurs » ainsi que des adolescents et des jeunes adultes à s’intéresser à la poésie.

« J’en ai lu des recueils de l’ancienne garde quand j’étais au cégep, comme du Apollinaire qui parle des anciens Grecs avec des références que personne ne comprend aujourd’hui. Je me disais : en quoi une référence grecque est-elle plus valable qu’une référence d’un jeu vidéo obscure? Le but, c’est de montrer que tu sais de quoi tu parles et de toucher des personnes qui ont la même culture que toi », affirme l’auteur.

Même si ce premier projet se présente sous la forme de poésie, les projets qu’il a menés jusqu’à maintenant se déploient sous des formes littéraires variées et ils s’ancrent autant dans le réalisme que dans le fantastique. Il est d’ailleurs en train d’écrire un roman.

L’une de ses nouvelles, intitulée 24 50 tablettes, lui a également permis d’être l’un des 23 auteurs en lice pour le Prix de la nouvelle Radio-Canada 2024 récemment.

Depuis la sortie du recueil Le seigneur des cendres, Samuel Lapierre a notamment participé au Salon du livre de Québec.

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