19 mars 2020 - 14:17
Érablières commerciales
La saison des sucres fortement compromise
Par: Véronique Lemonde
Déjà prêtes à recevoir en grand, les érablières de la région ont vu leur saison de repas en salle arrêter brusquement en raison des mesures gouvernementales pour freiner la propagation de la COVID-19. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Déjà prêtes à recevoir en grand, les érablières de la région ont vu leur saison de repas en salle arrêter brusquement en raison des mesures gouvernementales pour freiner la propagation de la COVID-19. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Alors que les érables laissent couler leur sève sucrée, les cabanes à sucre, elles, sont vides. Depuis jeudi dernier, alors que les premiers avis du gouvernement du Québec limitaient les rassemblements à 250 personnes maximum, les érablières essuyaient déjà un flot d’annulations.

« Nous avons eu un groupe vendredi dernier, mais sinon, tous nos groupes des prochaines semaines ont annulé. Tellement que dimanche, nous avons décidé de fermer, car cela ne valait même plus la peine d’être ouvert. C’est le plus gros temps de l’année pour nous et cela représente au-delà de 75 % de notre chiffre d’affaires. C’est atroce! », soutient Michaël Bazinet, propriétaire du Domaine de l’érable.

Maintenant que tous les rassemblements publics sont proscrits jusqu’à la fin du mois, toutes les érablières ont fermé leurs portes pour une période indéterminée.

« Nous invitons tous les producteurs et productrices acéricoles à annuler toutes les activités ouvertes au grand public. Nous vous invitons également à prendre toutes les mesures sanitaires nécessaires pour offrir vos services de ventes directes aux consommateurs de vos produits de l’érable », écrivait l’association des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) sur sa page Facebook lundi.

« Nous sommes découragés. Même si cela reprenait en avril, nous ne ferons jamais ce qu’on aurait fait à cette période de l’année. Nos pertes vont être majeures », lance Hélène Belley de l’Érablière l’Autre Versant, de Sainte-Hélène-de-Bagot. Même son de cloche du côté du Pavillon de l’Érable, à Saint-Jude, malgré un certain optimisme des quatre propriétaires. « C’est un coup dur, mais il faut vivre avec. Si tout le monde suit à la lettre les recommandations du gouvernement, nous pourrons peut-être rouvrir plus tôt », estime Lorraine Bousquet, l’une des copropriétaires, également la mère d’un des élèves de l’ÉSSJ qui sont revenus mercredi d’un voyage scolaire au Sénégal.

Les PPAQ prévoient également une aide financière pour soulager les pertes qui seront encourues par les érablières. « En cette période de crise sanitaire sans précédent, les PPAQ ont mis en place des mesures qui permettent d’assurer le service aux producteurs et aux acheteurs. Le plan d’urgence mis en place permettra d’assurer le paiement des avances au classement. Le tout débutera, comme par les années passées, dans la première semaine d’avril. »

Système D

Le Domaine de l’érable prend certains moyens pour atténuer la crise, comme la vente de repas de cabane à sucre pour emporter depuis mercredi. « L’idée n’est pas de faire de l’argent, aucunement, car les denrées étaient déjà achetées et nous risquons de les perdre. Les gens peuvent donc venir à la cabane pour un repas à emporter de 11 h à 13 h. Nous envisageons de livrer également », de dire M. Bazinet.

La boutique de l’Autre Versant demeure ouverte, mais naturellement, Mme Belley ne se fait pas d’illusions, car la plupart des produits étaient achetés par des visiteurs de la cabane, des gens qui venaient manger sur place.

« Si jamais il y a une reprise, nous serons prêts, c’est sûr, précise Mme Bousquet. Cependant, nous croyons que cette période de confinement risque d’aller au-delà du 30 mars. »

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