« Les premiers employés touchés reviennent au travail, a-t-il indiqué, lundi, en entrevue téléphonique au COURRIER. Il y a aussi des résidents positifs qui avaient été transférés dans des centres COVID qui commencent à revenir [parce qu’ils sont guéris]. »
Bien que les chiffres soient alarmants, la situation semble être somme toute maîtrisée sur le terrain. La plupart des personnes infectées n’ont pas ou peu de symptômes de la COVID-19, a fait savoir M. Talbot, qui a lui-même contracté la maladie sans développer de symptômes. Il était toujours en isolement jusqu’à hier.
Seuls les résidents qui ont été plus malades ou qui respectaient moins les consignes ont été transférés dans des centres comportant des unités dédiées à la COVID-19, comme l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe ou un autre CHSLD à Longueuil. Les autres résidents positifs sont confinés à leur chambre.
« La bonne nouvelle, c’est que les gens passent au travers [jusqu’à maintenant]. On n’a pas de décès ni de cas critiques », a souligné le propriétaire de la résidence, en tentant de s’accrocher aux éléments positifs.
La Résidence Bourg-Joli n’avait recensé aucun cas durant la première vague, a-t-il affirmé. Ses quatre unités (ressource intermédiaire, prothétique, personnes en convalescence et personnes autonomes et semi-autonomes) avaient résisté. Les mesures plus strictes, avec l’interdiction d’avoir des visiteurs et d’effectuer des sorties – à l’exception de marches supervisées – ont contribué à ne pas faire entrer la COVID-19 au printemps, estime-t-il. Mais avec des mesures assouplies, tel que dicté par le gouvernement, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait des cas cet automne.
« J’étais d’accord avec ça [les mesures plus souples] parce que c’est important pour la santé mentale de nos résidents de pouvoir sortir, mais on savait qu’il allait y avoir plus de danger. »
C’est un peu par hasard qu’un premier cas a été détecté, autour du 7 octobre, auprès d’une résidente. Celle-ci s’était présentée à l’hôpital pour un rendez-vous bihebdomadaire et même si elle n’avait aucun symptôme, on lui a fait passer un test de dépistage, qui s’est avéré positif. Une autre résidente, avec qui elle était allée au supermarché peu de temps avant, a ensuite été déclarée et trouvée positive à son tour. En retraçant leurs contacts étroits, d’autres cas ont été détectés, si bien qu’un dépistage massif a dû être réalisé parmi tous les résidents et le personnel. On connaît la suite. Il est toutefois difficile d’établir avec exactitude comment la COVID-19 a fait son chemin jusqu’à l’intérieur de la résidence puisque plusieurs cas détectés se sont avérés être asymptomatiques.
« La grosse différence qu’on voit dans cette deuxième vague, c’est que si on ne teste pas, il y a une menace qui est là parce qu’on on ne sait pas si la COVID est là ou pas », a soutenu M. Talbot.
Même si son personnel a été touché lui aussi, le fait que près de 50 % de la clientèle positive à la COVID-19 ait été transférée dans d’autres centres a permis de traverser la crise avec les employés toujours présents. La résidence a également bénéficié de l’aide d’infirmières envoyées par le CISSSME pour épauler ses employés.
Comment voit-on la suite? La clé réside dans le fait de tester de façon plus systématique, croit Sylvain Talbot. Sa volonté serait de pouvoir réaliser des teststoutes les deux semaines, ce qui, pour le moment, n’est pas possible. Il dit d’ailleurs avoir demandé au réseau de la santé de former ses infirmières pour qu’elles puissent faire elles-mêmes les tests de dépistage.
À savoir si la résidence aurait pu en faire plus pour éviter une éclosion comme elle a vécu, la réponse n’est pas aussi simple qu’elle ne puisse paraître. « Est-ce que tout est parfait? Peut-être pas, mais je pense que la perfection n’existe pas en ce moment. […] On fait le maximum qu’on peut », a conclu M. Talbot.