« Nous avons eu quelques retards, environ une dizaine de jours en avril. Nous nous sommes rendus à la limite du poids acceptable pour envoyer nos bouvillons gras à l’abattoir, mais dans le bœuf, il n’y a pas vraiment d’attente présentement », estime Michel Daigle, de la Ferme MBM, à Sainte-Hélène-de-Bagot, et également président de l’Association nationale des engraisseurs de bovins (ANEB).
« La situation demeure fragile dans le bovin, car retenir les animaux à la ferme engendre des coûts supplémentaires et leur fait perdre de la valeur. Si les abattoirs réduisent leur capacité d’abattage, cela met une bonne pression sur les producteurs de bovins », signale Jean-Marc Ménard, président des producteurs de bovins Montérégie-Est et producteur à Sainte-Christine.
Des abattoirs sous pression
Michel Daigle tient tout de même à préciser que, si la situation au Québec est sous contrôle, quoique fragile, l’Ouest canadien, lui, vit tout un drame. « De gros abattoirs comme Cargill à High River, en Alberta, ont dû fermer, car près de 1000 travailleurs ont été infectés par la COVID-19. Présentement, la capacité d’abattage dans le bouvillon gras dans l’Ouest est réduite de 50 % et environ 5000 bouvillons par jour sont en attente d’abattage, ce qui fait s’effondrer le prix par tête pour les producteurs. C’est assez dramatique ce qui se passe là-bas. »
Ici, au Québec, des abattoirs comme Cargill ont réussi à augmenter leur capacité d’abattage de bouvillons gras après avoir fermé durant quelques jours. L’Abattoir Forget, à Terrebonne, et l’Abattoir Richelieu, à Massueville, abattent également des bouvillons. « Nos bœufs de réforme sont abattus à 30 % en Pennsylvanie où les activités sont également en train de reprendre après trois semaines d’arrêt », ajoute M. Daigle.
Aides inégales
Le nerf de la guerre, présentement, semble être l’aide fournie par les divers gouvernements en agriculture. Cependant, plusieurs estiment que l’aide tarde et n’est pas suffisante pour passer à travers la crise.
« Comment voulez-vous que nous compétitionnions avec un joueur comme les États-Unis qui injectent actuellement 15 milliards de dollars dans son agriculture? Même si le domaine agricole se retrouve au troisième rang au niveau des exportations canadiennes, le secteur est passablement négligé et plusieurs producteurs risquent d’abandonner, estime M. Ménard. La situation dans le bœuf, par exemple, était déjà difficile avant la COVID-19. Nous obtenons des prix à la baisse de la part des abattoirs depuis des années et, pourtant, le prix en épicerie ne baisse pas pour les consommateurs. »