La démolition et la reconstruction ont finalement été jugées préférables à une réfection majeure. On estime ce seul chantier à environ 80 M$, ce qui était déjà une bonne dizaine de millions de plus que la reconstruction du palais de justice de Rimouski, un projet de 68,3 M$ qui doit en principe se terminer cet automne.
À cette facture déjà impressionnante, on sait maintenant qu’il faudra ajouter 16,2 M$ pour l’aménagement d’un palais de justice temporaire où les activités judiciaires seront déplacées pour au moins trois ans, de 2021 à 2024, le temps de remplacer l’actuel palais de justice de la rue Dessaulles. Bref, c’est pratiquement 100 M$ qui seront nécessaires pour doter Saint-Hyacinthe d’un palais de justice au goût du jour et des besoins du ministère de la Justice. C’est grosso modo la facture anticipée d’un centre de congrès, d’un tunnel dans le prolongement du boulevard Casavant et d’une reconstruction de la promenade Gérard-Côté. C’est simpliste comme raisonnement, je vous l’accorde, mais c’est juste pour vous donner quelques idées de ce qu’il est possible de faire avec 100 M$ ces années-ci. Tout cela ou un palais de justice.
En tant que Maskoutain, il est permis de se réjouir de savoir que Saint-Hyacinthe profitera de ces investissements considérables, mais comme contribuable, il est aussi permis de trouver que ça coûte un bras et une jambe. N’y aurait-il pas eu une solution tout aussi intéressante et plus économique? Pour cela, un peu d’imagination aurait été nécessaire, voire de collaboration sur le terrain.
Nous avions déjà lancé l’idée de construire un palais de justice avec stationnement intérieur dans le stationnement public voisin du Centre des arts, là où le concept initial de résidences de Groupe Sélection devait atterrir. Cette solution aurait eu le mérite de régler deux problèmes à la fois, celui du palais de justice au centre-ville et celui du manque de stationnement, en plus d’éviter le besoin d’un palais de justice temporaire. Québec aurait ensuite pu mettre sur le marché l’ancien palais ou encore le céder en échange à la Ville de Saint-Hyacinthe. Ce filon n’a pas été exploité et la Ville de Saint-Hyacinthe a également refusé de prêter l’ancien immeuble de la Fédération des Caisses Desjardins qui doit accueillir la nouvelle bibliothèque.
Et comme il n’y avait aucune option réaliste pour loger un palais de justice temporaire au centre-ville, il était acquis qu’il faudrait regarder ailleurs sur le territoire. C’est sans grande surprise l’ancien Super C du Groupe Robin dans le secteur Nord qui a été choisi par la Société québécoise des infrastructures. J’avais également soulevé cette possibilité dans un texte précédent, sans me douter de la facture qui viendrait avec toutefois. Oui, elle semble salée, mais ce n’est pas la faute du Groupe Robin. Le choix appartient à la Société québécoise des infrastructures (SQI) qui doit, en principe, avoir opté pour la solution la plus avantageuse. On dit en principe, car la SQI a refusé de révéler le nom des entreprises qui ont répondu à son invitation. Difficile de se faire une opinion plus précise. Certains estiment qu’il faut se réjouir que ce palais temporaire demeure à Saint-Hyacinthe puisqu’une relocalisation aurait pu être envisagée à Beloeil, un peu comme les rumeurs qui ont circulé quand est venu le temps de décider entre la réhabilitation de l’Hôpital Honoré-Mercier ou sa reconstruction.
J’ose croire que, dans les deux cas, le milieu maskoutain se serait soulevé et braqué si nous avions perdu, même temporairemen. ces institutions.
Toujours est-il que le centre-ville devra donc dire au revoir à l’activité économique générée par la présence du palais de justice pour trois longues années à partir de 2021, ce qui n’aidera pas la cause des restaurateurs et des petits commerçants. Car au chapitre des choses qui font tiquer, au-delà de la facture globale, il y a aussi l’échéancier.
Chantier pour chantier, remplacer notre palais de justice sera aussi long, sinon plus, que de remplacer l’ancien pont Champlain à Montréal.
Des délais qui s’étirent sans trop de raisons, c’est le propre de la Justice. Il ne faut pas trop s’en offusquer. Tiens, parlez-en à l’ex-vice-première ministre libérale Nathalie Normandeau…