Jeudi dernier, le communiqué de presse conjoint du vendeur et de l’acquéreur potentiels annonçait l’intention d’Aliments Sofina de mettre sa grosse patte sur l’ensemble des actifs d’Exceldor, incluant son siège social de Lévis, ses usines, son centre de distribution de Belœil, ses marques de commerce, alouette.
Et pourquoi cela nous intéresse tant à Saint-Hyacinthe? Parce qu’Exceldor emploie pas moins de 823 employés chez nous, à travers ses deux usines de Saint-Hyacinthe et de Saint-Damase, au sixième rang des 200 plus grands employeurs de la MRC des Maskoutains. Sans compter la présence sur le territoire de plusieurs de ses 330 membres producteurs, dont le président de son conseil d’administration, Yves Côté, à La Présentation.
Mais surtout, et comme vous le savez sûrement, cette coopérative œuvrant dans l’abattage, la transformation et la commercialisation de volaille est derrière un mégaprojet d’investissements de quelque 400 M$ à Saint-Hyacinthe pour la construction d’une usine d’abattage, en remplacement de celle de Saint-Damase.
Ce projet est dans l’air depuis 2019. Après une bataille épique devant la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), Exceldor a obtenu le droit d’installer sa future usine sur une terre de 10 hectares à Saint-Hyacinthe.
La coop a dépensé près de 460 000 $ au printemps 2024 pour acheter ce terrain des mains de la Ville et cette dernière a été autorisée, l’automne dernier, à procéder à l’aménagement d’un chemin d’accès. Selon le protocole d’entente, Exceldor doit commencer les travaux de construction de son usine avant le 1er avril 2029, sans quoi la Ville pourra récupérer son terrain sur lequel elle ne pourrait rien faire d’autre, sans l’accord de la CPTAQ.
Ce projet de longue haleine progresse, mais très lentement. En coulisses, certains avançaient qu’il pourrait être compromis, tant les délais devant la CPTAQ avaient vu se refermer la fenêtre d’opportunité et étant donné que la coopérative n’aurait peut-être plus les moyens de ses ambitions. Les récents événements tendent à démontrer que sa situation financière n’est plus ce qu’elle était autrefois, elle dont les marges de profit sont sous pression et les excédents à la baisse depuis quatre ans. C’est d’ailleurs en cherchant à vendre son centre de distribution de Belœil pour renflouer ses coffres qu’elle a trouvé un riche acheteur intéressé à l’avaler tout rond. Si la vente vraisemblable d’un fleuron agroalimentaire québécois déçoit, il n’est pas dit qu’elle ne pourrait pas accélérer la réalisation du projet maskoutain. Un mal pour un bien? Peut-être.
On ne peut pour l’instant que spéculer sur le sort de cette usine en devenir. La transaction doit au préalable obtenir la bénédiction des membres et des détenteurs de parts de placement de la coopérative dans le cadre d’un vote qui se tiendra le 5 juin. En cas de feu vert, il faudra ensuite l’approbation du Bureau de la concurrence. J’imagine que nous devrions être fixés d’ici là sur les intentions de l’acheteur. Bonne nouvelle, la confiance semble cependant régner chez Exceldor et ses partenaires. En entrevue, la porte-parole d’Exceldor, Gabrielle Fallu, a affirmé qu’Aliments Sofina a manifesté son intention de continuer à investir au Québec. « Ce qui nous a été mentionné à plusieurs reprises lors de nos rencontres, c’était vraiment d’investir dans les installations qui sont présentes sur le territoire, de propulser nos projets en cours. »
Aliments Sofina a les poches profondes et aucune installation au Québec, voilà deux arguments qui militent pour l’aboutissement du projet maskoutain, qui ne demande qu’à être priorisé, voire propulsé. Pour cette entreprise ontarienne, la meilleure des façons de rassurer ses futurs employés et clients québécois est de miser sur Saint-Hyacinthe.
Nous n’attendons que ça.
