La résidente de Saint-Denis-sur-Richelieu a toujours eu une vie en dehors des normes, qu’elle raconte sans détour à travers ses mémoires, un livre de 200 pages qui relate l’ensemble de sa vie, de son enfance à Saint-Hyacinthe jusqu’aux années récentes, en passant par ses rencontres mémorables, ses trois mariages et son accouchement. « J’ai eu un début de vie difficile, mais j’ai aussi beaucoup de beaux souvenirs. Il y a des passages difficiles dans le livre, mais il y a aussi beaucoup d’humour : ce n’est pas lourd à lire », rassure-t-elle. Elle aura d’ailleurs consacré deux années d’écriture pour ce projet incroyablement libérateur pour elle. « Écrire me fait tellement de bien! Ça me replonge dans mes souvenirs. »
Ceux qui connaissent déjà Lise Gaucher comprennent que le titre de son livre est une référence à ses racines autochtones, dont elle est très fière (son grand-père était un Abénaquis) et que l’image en couverture est en fait une de ses œuvres, à l’origine sur une toile de 4 sur 6 pieds. D’ailleurs, le nom « Metshu », signifiant « Aigle visionnaire », lui a été donné par deux amis innus il y a une trentaine d’années. Sous l’influence de l’aigle aborde aussi le quotidien de certaines communautés autochtones qu’elle a côtoyées, de même que celles de gitans avec qui elle s’est liée d’amitié en Europe. « Je suis une personne spéciale et j’ai fait la rencontre d’autres gens spéciaux! Les gens normaux, ça ne m’attire pas! », lance-t-elle.
Rencontres significatives
Dans ses mémoires, Lise Gaucher « Metshu » relate ses premiers contacts avec l’art, elle qui a toujours adoré dessiner, mais ça s’est intensifié à la puberté. « Je souffrais de rhumatismes inflammatoires pendant mes menstruations : je n’arrivais plus à marcher. Alors, je ne pouvais plus faire autre chose que dessiner et lire. » Après des années d’éducation difficile auprès des religieuses, elle a aussi été transférée à l’école privée, dans la classe de Mademoiselle Daigle, qui croyait en son talent. « Elle m’a dit que j’avais des mains d’artiste et que si je continuais dans cette voie, j’arriverais à faire de grandes choses. Elle m’a référé à Jean-Pierre Boivin pour des cours de sculpture, mais j’ai vite arrêté parce que les autres n’allaient pas assez vite à mon goût! »
À 18 ans, elle rêvait d’entrer à l’École des beaux-arts, mais ses grands-parents, qui l’élevaient, s’y opposaient. C’est là qu’elle a fait la rencontre fortuite de l’acteur Paul Dupuis, qui a su juste en la voyant qu’elle était une artiste incomprise. « J’assistais à une parade de mode qu’il animait. Quand il est entré, tout le monde s’est retourné pour le regarder, mais il a décidé de mettre sa main sur mon épaule et m’a dit qu’il pensait que j’avais des choses à lui dire. Par la suite, nous avons parlé et je lui ai raconté mon histoire », relate-t-elle.
Paul Dupuis a utilisé son influence pour amener le curé à parler à ses grands-parents pour les faire changer d’idée et pour convaincre le maire de signer des papiers pour lui obtenir un prêt d’honneur afin de financer ses études. Lise Gaucher a ainsi pu réaliser son rêve d’entrer à l’École des beaux-arts de Montréal en 1959, même si son quotidien n’a pas toujours été facile à Montréal. « Ma chanson, c’est “La bohème”. Je n’ai pas posé, mais j’en ai dessiné, du monde! »
« Dans mon livre, j’ai écrit ma vie comme ça m’est venu. Beaucoup de gens m’ont connue que ce soit à la radio ou à la télé, d’autres en tant que peintre, mais rares sont ceux qui connaissent l’ensemble de ma vie. Je crois que tous ceux qui s’intéressent aux arts ou aux Autochtones pourront apprendre quelque chose dans ce livre », soutient Lise Gaucher « Metshu ». Sans complètement fermer la porte à un autre livre dans le futur, elle reconnaît en avoir dit beaucoup dans Sous l’influence de l’aigle.