La situation actuelle ne peut durer indéfiniment. On voit mal comment endurer un autre 12 à 18 mois d’isolement social et de confinement total. C’est vrai pour nos enfants, nos parents, nos grands-parents et nous-mêmes. D’autant plus que nous n’avons aucune certitude que ça va bien ou mieux aller à l’automne. D’où la tentative d’une reprise en douceur, avec prudence et intelligence.
M. Legault a bien sûr évoqué le fait que la santé publique était d’accord avec le retour à l’école au primaire, bien que cet appui ne semble pas reposer sur de grandes bases scientifiques ni s’appuyer sur de grandes statistiques démontrant de façon claire, nette et précise que le pire de la crise sanitaire est bien derrière nous. Le fameux principe d’accélérer l’immunité collective a même été remis en doute. Il est vrai par contre que la situation générale semble sous contrôle dans nos hôpitaux, qu’il n’y a pas de fortes éclosions dans une majorité des régions du Québec et que la situation ne devrait que s’améliorer dans nos CHSLD.
En tout cas, il y a des jours ou même des semaines comme cela où on ne voudrait pas la job de François Legault même pour tout l’or du monde. C’est lui qui devra porter le fardeau de sa décision de rouvrir les écoles et de rouvrir le robinet de l’économie. Il vivra avec les conséquences de ses choix, car il est imputable de ses bons coups, comme de ses mauvais. Mais je dis souvent que, dans la vie, il y a pire que prendre une mauvaise décision. Le pire est de ne pas en prendre du tout, ce qui est inconcevable quand on est aux commandes de l’État ou en position de pouvoir.
Dans le cas présent, le gouvernement se doit de bouger, de provoquer quelque chose sur la base de ses très maigres certitudes. On saura dans quelques jours, quelques semaines ou quelques mois s’il a fait les bons choix, quoique la décision de retourner les enfants à l’école reste un choix individuel des parents. Ce n’est pas obligatoire, même si le personnel des écoles et les enseignants n’ont pas trop le choix de suivre.
En annonçant que nos petits pourront reprendre le chemin des services de garde et des écoles, François Legault s’est attiré autant de foudres que de louanges, bien que les premières portent souvent davantage. Le débat qui fait rage est on ne peut plus émotif puisqu’il implique nos trésors, ce que l’on a de plus précieux.
Nos écoles devraient donc rouvrir le 11 mai sur le territoire de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe, située à la frontière de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Ce plan controversé est bien hypothétique. C’est « si et seulement si » la situation actuelle demeure stable, ce qui est assez flou comme unité de mesure. On sent que la décision gouvernementale dans ce dossier repose essentiellement sur la politique de l’essai et erreur. On fait une tentative en arrivant à se convaincre que c’est la bonne chose à faire et on se croise les doigts. Si on se trompe, on ajustera la stratégie en cours de route. Au pire, on fera marche arrière. Il faudra être très attentif quant à la suite des choses. Ce n’est pourtant pas une stratégie unique au Québec. D’autres pays ont sensiblement la même approche. Et il y a d’autres provinces au Canada et des États ailleurs qui font exactement le contraire en repoussant de quelques semaines, voire quelques mois le retour à la vie risquée.
Ne nous y trompons pas. La vie dite normale, telle que nous la vivions au Québec avant la pandémie, ne reviendra pas. Dès les premiers jours de la crise, nous écrivions qu’il y aurait un avant et un après. Qui en doute aujourd’hui?
Bien entendu, et c’est à souhaiter, il y aura possiblement un vaccin dans 12 ou 18 mois pour nous redonner un faux sentiment de sécurité. Nous devons cependant apprendre à vivre avec le risque, dans l’attente d’un prochain virus, d’une prochaine pandémie peut-être encore plus virulente que celle qui vient de mettre le monde entier K.-O.
Dans l’immédiat, il faudra apprendre et répéter à nos petits amours de se tenir à bonne distance les une des autres, de bien écouter les consignes et… d’être des enfants malgré tout! La vie doit reprendre pour eux, pour nous. Pour notre santé mentale et la leur, ainsi que pour notre bien-être collectif. Pour reprendre le titre d’une ancienne émission de télévision, la vie est un sport dangereux.
L’école aussi, hélas!