25 avril 2024 - 03:00
Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie
La Ville de Saint-Pie n’a pas à surveiller l’entreprise, selon le maire
Par: Sarah-Eve Charland
Un citoyen demande une plus grande transparence dans la gestion des eaux usées du CTBM à Saint-Pie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Un citoyen demande une plus grande transparence dans la gestion des eaux usées du CTBM à Saint-Pie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre. Photothèque | Le Courrier ©

Le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre. Photothèque | Le Courrier ©

Le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre, ne se mêle pas de ce qui se passe au Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM), a-t-il affirmé au COURRIER. Il estime que ce n’est pas à la Ville de Saint-Pie d’intervenir, mais bien au ministère de l’Environnement.

« Le certificat d’autorisation a été délivré par le ministère de l’Environnement. C’est donc au Ministère de faire les vérifications, et non à la Ville. Pierre Renard aurait dû aviser le Ministère », mentionne M. St-Pierre.

La semaine dernière, Pierre Renard, un agriculteur saint-pien, a fait une sortie publique pour dénoncer le manque de transparence entourant la gestion des eaux usées du CTBM qui rejette ses eaux dans le ruisseau des Glaises. Quelques tests maison révélaient des résultats inquiétants sur la présence de phosphore dans le ruisseau.

Pierre Renard a d’ailleurs déposé une plainte auprès du Ministère en septembre 2022. Ce n’est qu’en juin 2023 que le Ministère a effectué une inspection, selon les documents transmis au COURRIER par le biais d’une demande d’accès à l’information.

Le CTBM avait aussi ouvert ses portes à M. Renard pour effectuer des tests. Durant cette visite, on a procédé à l’analyse d’échantillons relevés dans le ruisseau des Glaises, un pris par M. Renard près de 40 minutes avant le rendez-vous et un autre prélevé par l’entreprise. Les deux résultats se sont avérés différents. Le maire était d’ailleurs présent à cet exercice.

« Quand on m’a appelé, je ne me suis pas caché. Je m’y suis rendu. Je n’étais pas là quand M. Renard a pris son échantillon. Je ne sais pas si sa bouteille était appropriée, même si je suis certain qu’il est de bonne foi. J’étais là quand le CTBM a pris l’échantillon, mais pas quand M. Renard l’a pris », raconte M. St-Pierre.

M. Renard s’attendait à ce commentaire. Bien que la bouteille utilisée n’était pas stérilisée, elle avait été utilisée pour transporter auparavant de l’eau de pluie et n’avait pas pu être contaminée par du phosphore, assure-t-il.

La Ville a aussi fait appel à ses employés qui s’occupent du traitement des eaux usées chez elle pour prélever et analyser un échantillon. Les conclusions révélaient que les normes étaient respectées, selon le maire de Saint-Pie.

Par la suite, la Ville a fait parvenir une lettre, que nous avons pu consulter, à M. Renard afin de lui mentionner qu’elle n’appuierait pas sa pétition même si elle pouvait se montrer inquiète de la qualité de l’eau. Le document a été signé par les élus et souligne la bienveillance de l’entreprise.

Pour M. St-Pierre, l’entreprise est un bon citoyen corporatif, particulièrement depuis le changement de garde en 2012, moment où le Groupe AGF en a fait l’acquisition. « On a vu une grande différence. Il y a moins d’odeurs. Ce n’est pas parfait, c’est certain, mais le directeur a toujours collaboré. Ils ont investi beaucoup d’argent pour limiter les impacts sur le voisinage. »

Le CTBM procède à un processus d’autosurveillance qui consiste à prélever lui-même des échantillons qui sont analysés par le Ministère. Le Ministère effectue aussi des inspections de manière impromptue et sans préavis. Depuis 2004, neuf inspections ont été réalisées. Grâce à une demande en vertu de la Loi sur l’accès aux documents d’organismes publics, LE COURRIER a pu obtenir les rapports d’inspection près de huit mois après avoir fait la demande. Parmi ces inspections, le Ministère a prélevé à deux reprises des échantillons, mais a transmis les résultats d’une seule des deux analyses.

Le CTBM est une usine de biométhanisation, située à Saint-Pie, qui traite les matières résiduelles liquides et semi-liquides provenant des industries agroalimentaires et commerciales ainsi que le lisier et les boues organiques. Selon le certificat d’autorisation, l’entreprise peut traiter jusqu’à 70 000 tonnes métriques de boues.

Contactée par LE COURRIER la semaine dernière, l’entreprise n’a pas souhaité commenter.

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