25 mai 2017 - 00:00
Projet Réseau Sélection
« La Ville doit écouter les voix dissidentes » – Guy Duhaime
Par: Benoit Lapierre
Le sage Guy Duhaime exprime des craintes face au projet Réseau Sélection.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le sage Guy Duhaime exprime des craintes face au projet Réseau Sélection. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le sage Guy Duhaime exprime des craintes face au projet Réseau Sélection.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le sage Guy Duhaime exprime des craintes face au projet Réseau Sélection. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Devant les craintes que suscitent le projet Réseau Sélection, la Ville devrait-elle marquer une pause de cinq ou six mois pour revoir l’ensemble du dossier? Guy Duhaime, un membre de la « Table des sages » que Claude Corbeil a constituée peu après son arrivée à la mairie, croit que oui.


« Ce projet a créé de l’insécurité chez beaucoup de gens, et l’insécurité, ce n’est pas bon pour la santé psychologique d’une ville », affirme ce conseiller financier qui est aussi propriétaire du restaurant Pépé Trattoria, installé en face au Centre des arts Juliette-Lassonde, rue Saint-Antoine.

Pour lui, la question du stationnement est l’élément clé dans ce dossier. En tant que restaurateur et membre du conseil d’administration de la salle de spectacle, il est persuadé que la perte de 188 cases de stationnement du côté ouest du Centre des arts – le site que la Ville entend céder à Réseau Sélection – entraînerait des conséquences négatives immédiates.

« On les connaît, nos clients. Il y en a déjà qui tournent en rond pour stationner, qui finissent par se décourager et qui vont ailleurs. Je sais qu’il va y avoir des gens qui vont déserter le centre-ville parce que les cases de remplacement, elles vont arriver trop tard, et trop loin. Des commerçants ont peur pour leur survie », soutient-il.

Il craint aussi qu’une bonne partie de la clientèle du Centre des arts se tourne vers d’autres salles de spectacles si la pénurie de places de stationnement devenait une évidence. « Le Centre des arts, c’est un chiffre d’affaires de plusieurs millions, c’est 150 000 personnes par an qui viennent au centre-ville. Là-dessus, il y en a 60 000 ou 70 000 qui sont de l’extérieur, et on a besoin de cette manne. Avant, le stationnement, c’était notre force, il y avait quelque chose de facile dans l’idée d’aller voir un spectacle à Saint-Hyacinthe. »

M. Duhaime affirme que c’est bien mal connaître le centre-ville que de penser qu’il n’y existe aucun problème de stationnement, comme le croiraient encore certains élus. « Le maire Corbeil m’a déjà dit qu’au conseil, il était loin d’avoir l’unanimité là-dessus. J’ai une question pour ces conseillers : est-ce qu’ils viennent au centre-ville? Il faudrait qu’ils arrêtent de se mettre la tête dans le sable ».

Pas d’urgence

Il se demande si, à la Ville, on ne tente pas de créer un faux sentiment d’urgence avec le projet Réseau Sélection. « Ils nous en parlent comme si, dans leur tête, c’était déjà fait, mais il n’y en a pas d’urgence. Ça fait deux ans qu’ils travaillent sur ce projet-là en catimini, et j’ai un peu de misère avec ça. Si Réseau Sélection doit attendre quelques mois encore, est-ce que ça les fera fuir? Je ne le pense pas. »

Il craint aussi que des gens se méprennent sur les intentions du promoteur. « Réseau Sélection, c’est une grosse entreprise détenue par des fonds de pension, ils sont ici pour faire de l’argent, pas pour nous aider. Ils prennent ce qu’il y a de plus intéressant pour eux, comme l’emplacement, et ils se sentent capables de dicter la donne sur plein de choses. »

S’il devait s’agir d’une tour de 12 à 15 étages, celle-ci écraserait le Centre des arts par ses dimensions, prévient-il. « Ce serait une méchante grosse bâtisse, la terrasse de Pépé Trattoira serait toujours à l’ombre. Il y a quelques années, il a déjà été question d’un cinq étages à côté du Centre des arts et déjà, on trouvait ça trop gros. »

Quant à la clientèle d’ainés que veut attirer Réseau Sélection, il la situe plus dans la brochette des 75 ans et plus que dans celle des 55 à 60 ans. « Ma mère, qui a 84 ans, vit dans ce genre d’endroit où on trouve tous les services sur place : la massothérapeute, le salon de coiffure, la cafétéria, la piscine, la salle d’exercice, le guichet de l’institution bancaire. » Il imagine le grand va-et-vient créé par tous les donneurs de service, et la pression accrue sur les stationnements.

« Je loue les efforts du maire Corbeil pour rendre le centre-ville vivant, pour qu’on n’y roule pas les trottoirs à 17 h, mais par contre, il faut que ça se passe comme il faut. Oui, les élus sont là pour diriger la ville, mais ils sont aussi là pour écouter les gens, et il y a quand même des voix dissidentes. »

Selon Guy Duhaime, le projet du Centre culturel maskoutain, arrimé à celui de la promenade Gérard-Côté, serait plus porteur de retombées positives pour le centre-ville. « Et il créerait moins de dissidence », croit-il.

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