Les travaux d’ajout d’un disjoncteur et la coupure de courant à la station d’épuration étaient effectivement planifiés, mais pas la surverse. Dans une version des faits différente de celle donnée la semaine dernière, le maire Claude Corbeil a expliqué que les eaux usées auraient normalement été contenues pendant les travaux, car la station peut être arrêtée 14 heures sans déverser « des quantités importantes ».
Or, un bris d’équipement est survenu pendant l’opération, ce qui a automatiquement dirigé les 8,5 millions de litres d’eaux usées directement dans la rivière, a-t-il précisé, ce qui a causé la mort de milliers de poissons. Le déversement a duré de sept à huit heures. Les employés sur place n’ont visiblement pas été en mesure de constater la situation ou de la corriger.
Noyer le poisson
Les délais de communication par la suite ont été « inacceptables », a dit le maire. Six jours se sont écoulés, incluant la fin de semaine du 1er juillet, avant que l’existence de cette surverse ne se rende à la direction générale et au maire, une situation pour le moins « embarrassante », a reconnu Claude Corbeil.
L’enquête interne visant à « analyser en profondeur les circonstances du déversement » est toujours en cours et un rapport complet sera rendu public en septembre, a promis le maire. La directrice générale adjointe, Chantal Frigon, a toutefois précisé que c’est « l’organisation qui est à blâmer ».
À l’interne, on se chargera aussi de revoir la gouvernance du traitement des eaux usées. D’ici là, toutes les décisions concernant ce service devront être approuvées par la direction générale et le maire devra en être informé « sur-le-champ », a-t-il exigé. Un cadre sera également de garde en tout temps pour répondre aux imprévus, comme c’est le cas pour les autres services de première nécessité comme celui de sécurité incendie par exemple.
La Ville de Saint-Hyacinthe est par ailleurs toujours sous enquête pénale du ministère de l’Environnement. « Nous allons collaborer à l’enquête, assumer les résultats et mettre en place le suivi nécessaire », s’est engagée Chantal Frigon. Rappelons que le Ministère n’a pas été informé de la situation, ce qui aurait été « préférable » avant les travaux, et « obligatoire » après le déversement, a commenté Claude Corbeil.
Évaluer l’impact
L’autre action prise par la Ville pour tenter de réparer ses erreurs est de confier à l’Organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska le soin d’évaluer l’impact dudéversement et de proposer des « mesures réparatrices ». Dans l’immédiat, les experts du ministère de la Faune ont conclu qu’il n’y avait « pas d’intervention humaine nécessaire » dans la rivière, a rapporté Chantal Frigon.
Le directeur général de l’OBV Yamaska, Alex Roy, a précisé que son organisme allait « vérifier l’état de tout l’écosystème de la rivière », pas seulement les poissons, avant de soumettre des recommandations pour remettre la Yamaska en état. Le maire a déjà indiqué qu’il avait « en tête » l’ensemencement comme une possible solution.
Le mandat de suivi de l’OBV est d’une durée de deux ans. Alex Roy aimerait aussi accroître la collaboration avec la Ville, par exemple pour mettre en place un plan d’urgence en cas d’éventuel déversement. Il se dit confiant de pouvoir rétablir le secteur touché « dans un état comparable, et peut-être même meilleur, qu’avant le déversement », rappelant que la Yamaska est déjà un cours d’eau très affecté par les activités humaines.