13 juillet 2017 - 00:00
La Yamaska en convalescence
Par: Rémi Léonard
Résident du secteur du Rapide-Plat Nord, Philippe Gentile ne manque pas une occasion d’aller taquiner le poisson dans la Yamaska avec ses deux fils.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Résident du secteur du Rapide-Plat Nord, Philippe Gentile ne manque pas une occasion d’aller taquiner le poisson dans la Yamaska avec ses deux fils. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Résident du secteur du Rapide-Plat Nord, Philippe Gentile ne manque pas une occasion d’aller taquiner le poisson dans la Yamaska avec ses deux fils.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Résident du secteur du Rapide-Plat Nord, Philippe Gentile ne manque pas une occasion d’aller taquiner le poisson dans la Yamaska avec ses deux fils. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Un an après le désastre écologique survenu dans la rivière Yamaska, les pêcheurs ont recommencé à fréquenter le secteur du Rapide-Plat Nord, là où ont été découverts des milliers de poissons morts à l’été 2016.


Résident du secteur et mordu de pêche, Philippe Gentile est bien heureux de retrouver des poissons vivants dans la rivière, après une saison 2016 à oublier. « Pendant un mois, il ne se passait plus rien dans la rivière. J’ai trouvé des poissons morts même un mois et demi après les événements », a raconté le Maskoutain, qui a évidemment cessé de pêcher là pour l’été.

Pourtant, le Rapide-Plat Nord, formé par un méandre de la Yamaska entre Saint-Hyacinthe et Saint-Simon, est d’une richesse exceptionnelle, soutient Philippe Gentile, qui fréquente l’endroit depuis qu’il est tout petit. La présence de rapides et de fosses en fait un site de choix pour la pêche sportive, note-t-il. « Les citadins ne le réalisent pas tous, mais c’est le paradis du pêcheur ici », illustre-t-il. Même dans ses voyages dans le Grand Nord et en Ontario, il n’a pas trouvé de comparable.

Un joyau négligé

Bien conscient de la réputation peu enviable de la Yamaska, il se désole que « certains prennent encore la rivière pour une poubelle ». Une remarque qui inclut la Ville et son usine d’épuration, qui de toute évidence ne jetait pas souvent un œil à la rivière avant de déverser ses eaux usées. Même s’il y a certainement eu un changement de mentalité depuis l’an dernier, Philippe Gentile croit qu’il faudrait assurer un suivi encore plus serré des surverses. « Ça prendrait un spécialiste de l’environnement juste pour évaluer la qualité de l’eau pendant un déversement. La Ville se vante avec son usine verte à côté [les installations de biométhanisation], alors il faudrait être conséquent », lance le pêcheur, qui est aussi technicien de la faune et taxidermiste.

Le Rapide-Plat Nord est en effet à quelques kilomètres à peine de la station d’épuration de la Ville de Saint-Hyacinthe. Les surverses arrivent fréquemment, constate Philippe Gentile, même si elles ne sont évidemment pas toutes aussi désastreuses que celle de l’été dernier.

C’est lui qui avait alerté les autorités le 30 juin 2016, deux jours après l’important déversement d’eaux usées dans la rivière, dont le niveau était au plus bas. Il n’est pas inhabituel de trouver quelques poissons morts, mais jamais autant qu’à ce moment-là. « Toutes les espèces étaient touchées, même la barbotte, qui est très résistante. Le plus inquiétant, c’est que le fond de l’eau était tapissé de petits poissons morts », se rappelle-t-il. La présence de boues blanchâtres nauséabondes, en surface et au fond de l’eau, complétait le piteux portrait.

La rivière se remet, l’investigation se poursuit

Un an après, les crues printanières ont fini par « laver » la rivière et lui ont redonné un aspect plus convenable, a constaté Philippe Gentile, mais les conséquences se font tout de même sentir. Il a surtout remarqué un impact sur la population de dorés, qui se fait plus rare et plus petite qu’avant, d’après lui. Les autres espèces de poissons s’en sortent quand même mieux. « C’est un secteur tellement attrayant que d’autres poissons ont remplacé ceux qui sont morts… même si le mal est fait », a-t-il commenté.

Lui qui observe la Yamaska depuis sa jeunesse, Philippe Gentile voit tout de même une amélioration de la qualité de l’eau avec le temps. En plus d’une gestion responsable des eaux usées, il faudrait également que des bandes forestières couvrent les terres agricoles qui bordent la Yamaska et ses affluents. On pourrait ainsi arriver à de meilleurs résultats, selon lui.

L’Organisme de bassin versant de la Yamaska, qui a été mandaté par la Ville pour mesurer l’impact du déversement pendant deux ans, ira de nouveau sur la rivière à la fin de l’été pour faire des pêches et d’autres analyses, dont les résultats seront connus à l’automne.

Le ministère de l’Environnement poursuit toujours son enquête sur le désastre écologique et ne commente pas le dossier pour l’instant. On ignore toujours si la Ville de Saint-Hyacinthe sera sanctionnée pour le déversement du 28 juin 2016.

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