Parfois, je pense à cette magnifique phrase de mon grand-père qui disait sagement : « Ti-gars, si tu regardes trop longtemps dans l’abysse, un moment donné, c’est l’abysse qui va regarder en toé! ». Je comprenais pas trop pourquoi il disait ça… jusqu’à ce qu’Internet existe et que je puisse googler « Friedrich Nietzsche » et me rendre compte qu’il aimait citer de vieux philosophes allemands pour faire son intéressant.
Or, le papi n’avait pas tort. Je ne connais pas grand-chose de plus fascinant que de lire des commentaires sous des publications de médias sociaux. Comme se tenir au bord d’un précipice, joyeusement confus, entre la peur d’y tomber pis l’envie de sauter dedans à pieds joints. Angoissant et divertissant.
Si la plupart du temps, les gens se pognent sur des sujets importants, d’autres fois, les sujets de discorde sont tellement insignifiants que c’en est amusant. S’obstiner sur l’environnement, la justice sociale ou Paul St-Pierre Plamondon qui refuse de prêter serment au roi d’Angleterre, c’est correct.
Le trottoir de la rue Bourassa qu’on veut enlever ou même la bretelle que Bernard veut pas laisser tomber, je peux comprendre que ça vienne nous chercher. Mais l’autre jour, je me suis fait virtuellement engueuler pour avoir demandé à quelle date était l’Halloween c’t’année.
Halloween, puits sans fond de désaccords profonds à commencer par la date opposant les « orthodoxes du 31 » aux « oui, mais ça adonne pas en semaine! ». On se dispute sur le choix des bonbons pour éviter les allergies aux peanuts ou on débat sur la pertinence de s’habiller en arpenteur-géomètre sexy. Pis j’te parle pas d’appropriation. C’est décidé. Désolé grand-papa, je vais aller me pogner avec des gens que je connais pas sur des choses qui ne vont rien changer.