28 mars 2024 - 03:00
carte blanche
L’affaire Michaud
Par: Christian Vanasse
Christian Willie Vanasse

Christian Willie Vanasse


Une semaine après sa mort à 94 ans, le célèbre Maskoutain Yves Michaud continue de faire parler de lui. Enfin, d’une partie de lui. Journaliste, politicien, diplomate, homme d’affaires et influent militant politique s’étant battu toute sa vie pour la langue, la culture et l’indépendance du Québec, il avait aussi défendu bec et ongles les intérêts des petits actionnaires au point de mériter l’honorable surnom de « Robin des banques ».

Il a reçu la Légion d’honneur, plus haute décoration honorifique française, et la médaille de l’Assemblée nationale. Ces réussites vaudraient à plusieurs de voir leur nom donné à un parc, à un édifice ou à une rue. On a érigé des statues pour moins de vertu, mais pour Michaud peine perdue, sur son épitaphe restera une infâme tache : ce blâme que l’Assemblée nationale lui servit il y a 24 ans pour des propos jugés antisémites.

En 2000, le Parti québécois au pouvoir avec Lucien Bouchard à sa tête avait accepté une motion du Parti libéral (fait rare) et voté à l’unanimité (fait très rare) pour blâmer officiellement un citoyen (fait encore plus rare), et ce, sans qu’il y ait eu de débat sur la motion. Ça, c’est malheureusement de moins en moins rare.

Fait cocasse, les députés de l’époque, dont François Legault, n’avaient même pas lu les propos en question ni entendu la version de Michaud. Encore aujourd’hui, on hésite à en parler et pour cause. Cherchez « affaire Michaud » sur les Internets et vous trouverez qu’il s’est écrit bien pire sur un bouleau.

Bien avant l’invention du wokisme, de la culture de l’annulation et du « on peut pu rien dire », des députés blâmaient un citoyen, bafouaient sa liberté d’expression et ses droits fondamentaux et refusent encore à ce jour l’élémentaire décence de présenter de sincères excuses au citoyen Michaud.

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